Bonne année à tous. On se retrouve ici avec motivation pour un nouveau rendez-vous En France Aussi. Et ce mois-ci on parle “Tourisme Industriel” avec Sylvie et la chaperonne du mois Mathylde. Vous le savez, j’habite dans le département de l’Isère, je vous fais régulièrement découvrir les trésors culturels et naturels du département. Mais saviez-vous que l’Isère produit également de nombreux produits, que vous consommez plus ou moins au quotidien. On ne présente plus la noix du Dauphiné et qui n’a jamais entendu parler de la Chartreuse ! Le taboulé de Pierre Martinet vient aussi de chez moi. Je travaille à deux pas de leur usine et siège social.
Bref, depuis quelques années, je fais plus attention à ce que je consomme et lorsque je fais mes courses, si j’ai le choix pour un produit entre le gros industriel et l’entreprise historique locale ou le jeune entrepreneur local, alors je favorise le produit qui vient de ma région et non pas de la grosse usine agroalimentaire aux ingrédients douteux. C’est ainsi qu’au quotidien je consomme de nombreux produits isérois dont un certain nombre de boissons sont fabriquées en Isère. On peut visiter les usines de fabrication de toutes ces entreprises iséroises. Je vous les présente aujourd’hui.
La Chartreuse – Voiron

L’Ordre des Chartreux est une très ancienne communauté de prêtres (depuis 1084) installés dans le Dauphiné dans la montagne du même nom. Exploitants de minerais de fer puis dans le bois, c’est en 1737 qu’ils conçoivent l’Elixir végétal et les Chartreuses verte et jaune après que le Maréchal d’Estrées leur confia le manuscrit d’un soi-disant élixir de longue vie. La production bat son plein dans le Monastère de Grande Chartreuse et à la distillerie de Fourvoirie à quelques kilomètres. Mais suite à un glissement de terrain, la production sera entièrement transférée à Voiron en 1935. C’est donc à Voiron même que se déroule notre visite, dans la plus longue cave de liqueurs au monde (164 mètres de long).
La Chartreuse est composée de 130 plantes et ce qui est dingue, c’est qu’il y a seulement cinq personnes qui connaissent la recette intégrale de la Chartreuse: deux moines et trois laïcs. C’est le secret le mieux gardé au monde et c’est je pense ce qui fait leur force. Nous avons vu dans le musée de très nombreuses tentatives de contrefaçon mais personne n’a réussi à obtenir la réplique exacte du breuvage ni même la couleur. D’ailleurs, saviez-vous que la Chartreuse est la seule boisson au monde à avoir donné son nom à une couleur ? Ce qui la rend encore plus exceptionnelle.
Mis à part les cinq personnes qui se chargent de produire deux millions de litres par an, la société Chartreuse Diffusion compte aujourd’hui 70 personnes et s’occupe de la commercialisation, du marketing et de l’exportation de la Chartreuse.
Après la visite des caves, place à la dégustation. Nous avons goûté l’Elixir Végétal sur une petite meringue. Cette boisson à 69% d’alcool est plutôt utilisée dans des applications médicinales. Mais sur une meringue ou un sucre, c’est une bonne façon de finir un repas par exemple. C’était agréable en bouche. On goûte ensuite la Chartreuse jaune à 40%. C’est doux, liquoreux, presque mielleux. Je suis surprise, j’aime assez. On termine avec la Chartreuse verte à 55%. Je savais que je n’aimerais pas, je l’avais déjà goûtée auparavant. Je trouve que ça arrache vraiment la bouche et ça reste longtemps sur le palais. Ce n’est pas une boisson plaisante à boire, pour ma part. Mais je suis une petite nature.

Infos Pratiques :
- Visite classique des caves, du musée et dégustation gratuites, tous les jours, sans réservation. Plusieurs créneaux par jour (toutes les heures ou demi-heures).
- Il est possible de faire des visites d’exception à 15€/pers et sur réservation uniquement. Voir site web.
- Photos interdites dans la cave car sous atmosphère déflagrante.
- Ça vous coûtera quelques euros moins cher d’acheter vos bouteilles de Chartreuse aux caves plutôt qu’en grande surface.
- Les enfants et ceux qui ne boivent pas d’alcool sont les bienvenus. Vous aurez alors une meringue nature et vous dégusterez un thé glacé infusé aux plantes.
La bière artisanale Les Ursulines – Crémieu
La brasserie des Ursulines est installée dans la cité médiévale de Crémieu, dans une ancienne église occupée par les sœurs depuis 1633. Jusqu’à 2000 sœurs Ursulines ont habité le cloître attenant pendant 200 ans. L’église est ensuite devenue une boutique de chaussures, une usine de pistons avant de devenir la brasserie des Ursulines en 2007.
Aujourd’hui, ce sont quatre salariés et 1000 L de bière brassée tous les lundis. La visite guidée est courte mais intéressante. On apprend l’histoire du lieu mais aussi le processus de fabrication et les spécificités de la bière des Ursulines. Une bière sans conservateurs, non stérilisée, qui doit être consommée dans l’année. Un processus de 4 à 9 semaines avant sa consommation. Les Ursulines proposent 10 variétés de bières au fil de l’année: les permanentes qui sont la blonde, la dorée, l’ambrée, la brune, mais aussi des bières saisonnières, la Médiévale, la bière de Noël, l’IPA… Une dégustation est prévue lors de la visite. Moi qui n’aime pas trop l’amertume de la bière, j’ai beaucoup apprécié la blonde qui est légère en alcool et surtout très rafraîchissante à boire. Paul a préféré la dorée, plus prononcée.
Pour nous qui habitons en nord-Isère, on trouve la bière des Ursulines relativement facilement, dans les bars mais aussi dans les grandes surfaces. Mais j’ai appris lors de la visite que la bière ne s’exportait que dans un rayon de 20 km autour de Crémieu. C’est fou. Vous n’en trouverez même pas à Lyon ou Grenoble ça veut dire. C’est une bière très locale. Si vous passez dans le coin, je vous recommande donc de repartir avec vos stocks de bières Ursulines, car vous n’êtes pas près de la trouver ailleurs.
C’était vraiment sympa de découvrir le cycle de cette petite bière fabriquée chez nous, dans notre cité médiévale. En plus le cadre est vraiment sympa: c’est une église (désacralisée), une usine, un bar. Il y a même des concerts gratuits environ une fois par mois. Alors venez nous voir à Crémieu, car cette petite bourgade mérite franchement le détour.
Infos Pratiques :
- Visite guidée et dégustation tous les jours du mardi au dimanche à 17h. Gratuit.
Les liqueurs et sirops Cherry Rocher – La Côte-Saint-André

Tout le monde connaît les sirops Teisseire, voire même les sirops Moulin de Valdonne (leur sirop à la violette est une tuerie). Eh bien en Isère nous avons une marque locale, les sirops Cherry Rocher. Et ils sont fabriqués à 15 min de chez moi, à Bourgoin Jallieu.
On ne peut pas visiter leur usine de Bourgoin Jallieu, mais ils ont conservé leurs caves historiques de 1705 à La Côte Saint-André, à 30 min de Bourgoin. On peut y visiter l’herboristerie, les caves, la distillerie (car ils font aussi de nombreuses liqueurs, absinthes et eaux de vie) et consulter les documents historiques de la famille Rocher. Je n’ai pas encore eu l’occasion de les visiter mais c’est prévu. Dans la Drôme, nous avions visité les sirops Eyguebelle et on avait adoré, tellement qu’on avait tout goûté et qu’on était reparti avec 80€ de sirops aux parfums insolites (sapin, basilic, cactus…).
En tout cas, nous consommons déjà les sirops Cherry Rocher depuis plus d’un an, puisqu’on les trouve dans toutes les grandes surfaces de la région.
Après quelques recherches, j’apprends que les sirops Teisseire sont en fait isérois, fabriqués près de Grenoble. Et les sirops Bigallet, qu’on trouve dans pratiquement tous les bars et restaurants de France, sont également produits en Isère depuis 1885. Je suis vraiment impressionnée par le dynamisme historique de l’Isère, j’ignorais que nous avions toutes ces marques. De nouvelles visites industrielles en perspective pour moi donc.
Colombier, l’eau de vie à la poire – Villette de Vienne
Enfin, cela fera l’objet d’une prochaine visite. Dans un village à 20 min de Vienne, se trouve la Maison J. Colombier qui produit de l’eau de vie de Poire William’s. Une exploitation encore familiale où les poires grandissent directement dans les bouteilles dans les vergers. Un paysage qui m’intrigue vraiment. Il faudra que j’aille voir ça de mes propres yeux au printemps.

Voilà le genre de boissons qu’on fabrique en Isère et dont on peut visiter les entreprises. Le tourisme industriel a de beaux jours devant lui. Cela nous permet non seulement d’en apprendre un peu plus sur le processus de fabrication des produits mais aussi de découvrir les entreprises près de chez nous, celles qui créent des emplois et des revenus dans le tissu économique local. Ce genre de tourisme me plait au final. Et sinon, on fabrique quoi comme produits dans votre département ?
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Comments
18 CommentsCaro
Jan 1, 2018Je ne connaissais pas ces lieux, ça doit être très intéressant à visiter même si comme toi je ferais l’impasse sur la Chartreuse. Merci pour la découverte.
Estelle
Jan 16, 2018C’est bien de faire l’effort de goûter (sauf si on ne boit pas du tout d’alcool). Grâce aux infos de la visite, on apprend à apprécier le produit et les saveurs. C’est mon cas avec les bières. Je n’aime pas le goût de la bière au quotidien et finalement quand on m’explique la manière de déguster et comment c’est fait, j’apprécie la dégustation.
Pierre
Jan 1, 2018Quel article intéressant pour moi qui habite en Pays de Savoie – c’est voisin ! L’immense cave à liqueur de la Chartreuse m’inspire, elle est fabuleuse ! 🙂
Estelle
Jan 16, 2018La cave de Chartreuse est magnifique en effet et l’histoire derrière le produit est super intéressante. C’est pas loin de la Savoie, à toi de jouer.
MILLA – La Galerie, blog de voyages
Jan 1, 2018Super idée d’article !! Je connaissais la Chartreuse mais pas les autres ! Autours de Grenoble aussi commencent à pousser quelques fabriques de bière artisanales, faudrais que j’y jette un oeil ! Moi aussi j’ai choisi l’isère pour le thème de ce mois !
Estelle
Jan 16, 2018Eh oui il y a plein de microbrasseries et autres bières artisanales qui poussent. A tester. Je file lire ton article sur l’Isère.
Florence Gindre
Jan 2, 2018Je connaissais également la chartreuse, mais pas les autres 🙂
De belles visites pour une prochaine virée en Isère !
Estelle
Jan 16, 2018Ah ben ça me fait plaisir si je fais découvrir des produits connus qui sont fabriqués en Isère.
Anne
Jan 2, 2018Ah, ça donne envie de goûter quand même tout cela!
Estelle
Jan 16, 2018Ha ha, voilà un article qui donne soif, lol !
Sylvie
Jan 2, 2018Très très intéressant ! Ce qu’on aime quand on va quelque part c’est découvrir des choses certes, mais aussi des goûts nouveaux, des spécialités… C’est cool quand ensuite on peut retrouver les produits par chez nous mais les déguster dans leur région d’origine, y’a pas à dire, c’est toujours un plus 😉 Merci pour le partage de toutes ces jolies idées de découvertes ! Et belle année à toi !
Estelle
Jan 16, 2018Merci. J’aime beaucoup les dégustations. C’est souvent gratuit, on apprend le processus de fabrication du produit et c’est de belles découvertes à chaque fois. Du coup on repars souvent en achetant le produit. Bonne année à toi aussi.
Mathilde
Jan 2, 2018Et bien on en fait des boissons en Isère ! En région parisienne il y a de plus en plus de microbrasseries de bières qui s’ouvre. Ça devient assez à la mode la bière locale ! J’en ai testé quelques unes et c’est assez sympa, ça change ! Sinon à part ça je crois que c’est tout 🙂
Estelle
Jan 16, 2018C’est vraiment la mode des microbrasseries partout en France. Plein d’entrepreneurs se mettent à créer leur marque. Après faut voir la qualité et le goût. Je ne m’y connais pas assez pour juger mais je trouve le concept sympa aussi.
travelingaddress
Jan 5, 2018Bous n’avons pas encore été à Voiron, par contre, on a visité le Monastère de la Grande Chartreuse (pas facile de s’y rendre sans voiture!) Mais Berk! c’est beaucoup trop fort pour moi 🙂 Les sirops sont plus à mon goût 🙂
Estelle
Jan 16, 2018Oui la Chartreuse est vraiment forte en alcool. Mais visiter une fabrique de sirops c’est vraiment génial. Si tu as l’occasion d’essayer quelque part fonce.
Isabelle
Fév 26, 2019Nous avons prévu de faire une visite aux Chartreux, qui sont quand même très réputés. Nous avons nous aussi commencé à faire des visites de fabriques (verreries, fromages), et c’est vrais qu’à chaque fois on ressort enchantés d’avoir appris des choses qu’on ne soupçonnait même pas. Et on tombe souvent sur des gens passionnés, qui ont vraiment l’envie de transmettre leurs connaissances.
hauzanneau
Oct 31, 2019Bonjour, vous citez les sirops Bigallet, établis à Virieu/Panissage (j’y habite) depuis 1872, lors d’une prochaine ballade vous pourriez compléter votre article avec de belles photos du site et de notre vallée.
A bientôt