Flores, mon eldorado

Sur mon voyage de 17 jours aux Açores, j’avais prévu pas moins de 7 jours sur la seule île de Flores. J’avais misé une grosse partie de mon voyage sur cette île. J’avais plutôt intérêt à ne pas me planter. Surtout que cette île est tellement éloignée des autres qu’on ne risque pas de sauter dans le premier bateau vers d’autres contrées (il n’y en a qu’un par semaine). C’est également une très petite île: 16 km de long sur 12 km de large.

Mais j’avais décidé de ne pas courir après les sites d’intérêt pendant ce voyage. Le but était de prendre le temps, de se mettre au rythme des locaux (qui est finalement un peu trop mou pour nous). Pour ce faire, nous avons logé dans des habitations plutôt que des hôtels (plus par obligation sachant qu’il n’y a que deux hôtels sur toute l’île) et nous avons ainsi rapidement pris nos petites habitudes dans le village dans lequel on logeait. Les commerçants nous reconnaissaient et espéraient nous revoir le lendemain.

Alors qu’avons-nous fait pendant ces 7 jours ? Nous avons réussi à nous occuper tout le long de notre séjour. Nous avons d’ailleurs fait nos plus belles découvertes le tout dernier jour, en empruntant les routes les plus isolées de l’île, après l’avoir écumée en long, en large et en travers.

La plage d’Alagoa et sa côte sauvage à la Jurassic Park

Je vous liste toutes les raisons qui m’ont fait craquer pour Flores. Après la lecture de cet article, vous allez vous aussi tomber en amour avec cette île.

L’île aux fleurs, la nature à l’état pur

Cette île n’a vraiment pas volé son nom. Les fleurs sont omniprésentes, dans les villes, au bord des routes, même dans les recoins les plus isolés de l’île, sur des pans de montagne, au bord des lacs…bref elles sont partout. Si au départ on peut penser que les habitants prennent soin de leur île et sont férus de jardinage, on se rend vite compte qu’il s’agit de fleurs sauvages. C’est impossible que des hommes soient allés planter des bulbes de fleurs absolument partout, dans les recoins les plus inaccessibles de l’île. C’est le vent qui a pollinisé toute l’île. Et le résultat est féérique.

Les fleurs qu’on croise le plus sont les hortensias sauvages bleus / parmes et les longoses jaunes. On croise également de nombreuses autres fleurs exotiques (rouges, blanches, pêches, oranges). Je ne suis pas une grande adepte de fleurs et je ne suis pas capable d’en nommer beaucoup par leur nom. Mais franchement, quand on est immergé dans le décor de l’île de Flores, on ne peut qu’être admiratif et complètement bouche bée devant le spectacle qui s’offre à nous. Ce sentiment est d’autant plus renforcé que sur les routes, on croise pléthore de petits oiseaux colorés qui volent de bosquets en bosquets (pinsons des arbres, fauvettes à tête noire, roitelets huppés, chardonnerets élégants…). En roulant, j’avais l’impression d’être plongée dans le dessin animé Rio, en pleine jungle amazonienne (bien que notre route fût asphaltée et que ce n’étaient pas des aras de spix).

Un pinson des arbres bleu et jaune

En plus des fleurs et des oiseaux, ajoutez à ça des lacs, des cascades et une végétation luxuriante sur fond bleu océan. Une explosion de contrastes ou dit autrement une claque visuelle. Et dites-vous que les vaches ont cette vue toute l’année. Quelles veinardes !

Avouez que ce décor est complètement irréel. Pour moi Flores est un monde fantastique, c’est l’île de Jurassic Park ou bien le Monde Imaginaire de Peter Pan. Ici, c’est la nature à l’état pur. Il n’y a que peu de traces de l’Homme. C’est l’Homme qui s’adapte à l’île et aux éléments et non l’inverse. Une île qui n’est pas (encore) dénaturée par le tourisme de masse et la surconsommation.

Panorama depuis le point culminant de l’île: Morro Alto, 914m

La côte déchiquetée de Flores depuis la mer

Mur de cascades dans un cratère de mousse

Piste du Morro Alto

J’ai déjà été impressionnée par des paysages extraordinaires qui s’offraient à moi, plus d’une fois même. Mais jamais je n’avais ressenti un tel émerveillement, une telle ambiance magique pour une zone aussi étendue. Ce n’était pas un seul paysage qui me procurait cela mais bien l’île dans son intégralité. Je me rends compte que j’abuse de superlatifs. J’essaie de vous retranscrire au mieux ce que j’ai pu ressentir au quotidien lorsque je découvrais cette île et vraiment c’était Waouhhh !!

L’ambiance « bout du monde »

Se rendre aux Açores en plein milieu de l’Atlantique, c’est déjà la promesse de vacances « comme » au bout du monde. Se rendre sur l’île de Flores, c’est aller encore plus loin dans la recherche d’isolement et de contrée sauvage. Flores, c’est le bout du bout de l’Europe. C’est le point le plus à l’Ouest du continent. Après Flores, c’est l’immensité de l’Océan, puis les Bermudes et enfin New-York. Ce n’est pas non plus l’île de Robinson Crusoé, il y a de la civilisation, des voitures, des constructions. Mais quand on dit que c’est l’île la plus sauvage de l’archipel, c’est aussi vrai.

On se sent un peu coupés du monde ici et on a l’impression de vivre à une autre époque, surtout à un autre rythme. Les habitants se font livrer les bidons de lait et le pain le soir sur le pas de leur porte. Une image de la France des années 50. Une camionnette vient livrer les fruits et légumes sur la place du village, les habitants font pousser du maïs et des bananes dans leur jardin (véridique !), les fermiers font la traite des vaches directement dans le champ, sans passer par l’étable. Les épiceries se font ravitailler par bateau une fois par semaine seulement (le mercredi). Ce qui explique pourquoi les commerces sont vides dès le jeudi soir. Les gens se jettent dessus. Les touristes, non informés, se font surprendre et meurent de faim. On sent l’isolement de cette île dans tous les aspects du quotidien. C’est assez rude, je ne sais pas comment font les habitants pour tenir sur la durée.

Faire sécher le maïs dans son jardin

Pour nous, touristes, c’est un changement de rythme bienvenu, c’est la découverte du folklore de l’île. On croise des vaches sur la route en totale liberté et on n’est même pas énervé de rester coincé derrière un troupeau pendant 20 min. On apprécie l’architecture coloniale et baroque des bâtiments, notamment les églises imposantes aux murs blanchis et les maisons traditionnelles blanches aux encadrements de portes et fenêtres colorés. On profite des lieux de baignade naturels et on découvre les espaces de loisirs des habitants, la reserva florestal. C’est un super concept, un endroit qui mixe parc / aire de barbecue / aire de jeux / ferme pédagogique / jardin botanique. Oui oui, tout ça en un même lieu. C’est gratuit et c’est là que se retrouvent les habitants de l’île le week-end, en famille.

Transfert du troupeau d’un champ à un autre

Village de Fajãzinha

L’île de Flores est une invitation à la détente, un voyage dans le temps, une évasion en pleine nature. Pour toutes ces raisons, séjourner sur Flores vous plongera un instant dans une ambiance de bout du monde, déconnecté et proche de la nature.

Ses cascades par dizaines

Voir une cascade, c’est déjà cool en temps normal, encore plus quand c’est situé dans un cadre luxuriant et tropical comme les Açores. Mais voir des dizaines de cascades alignées ou des cascades se jetant dans d’autres cascades, c’est encore mieux. Et sur Flores, on en trouve à la pelle des cascades comme ça.

Les plus célèbres de l’île sont les poços da Ribeira do Ferreiro. Un coin totalement enchanteur. Une quinzaine de cascades alignées sur une façade de mousse verte fluo et se jetant dans un lac reflétant les chutes. Le coin trop magnifique et paisible. On entend les oiseaux chanter, on est dans une petite bulle de calme au milieu de la jungle.

Poço da Ribeira do Ferreiro

Deuxième coin enchanteur de l’île, le poço do bacalhau ou comme j’aime le décrire, le jardin d’Eden. Une merveilleuse double cascade se jetant dans une piscine naturelle et terminant sa course dans l’Océan. On ne peut pas faire plus poétique. A savoir qu’autour de cette cascade très connue, il y a d’autres nombreuses cascades sans nom qu’on voit facilement depuis la route. Nous avons essayé d’emprunter des sentiers pour nous approcher mais nous nous heurtions à chaque fois à la végétation trop dense. Ce sont des cascades à observer de loin seulement.

Voilà la vraie photo du Poço do Bacalhau lorsque le réflex fonctionne

Les côtes déchiquetées de l’île sont également la fin de course de nombreuses cascades. Le meilleur moyen de les voir est depuis la mer. Par exemple sur le chemin du retour de Corvo à Flores. Grottes naturelles et cascades s’offrent en spectacle pour notre plus grand bonheur.

Les cascades autour de Fajã Grande

Cascade se jetant dans l’océan

Ses lacs aux couleurs variées

Vous devez commencer à le savoir, j’adore les lacs. Pas forcément pour me baigner mais j’adore randonner jusqu’aux lacs et profiter du calme et de la beauté qu’ils procurent. Sur Flores et surtout au coeur de l’île (là où il y a tout le temps du brouillard, quel que soit le temps), on trouve une flopée de lacs. Et la petite surprise, c’est que bien souvent on en a deux pour le prix d’un. Voire trois ou quatre lacs à proximité immédiate les uns des autres.

Gros coup de coeur pour le Lagoa Negra et le Lagoa Comprida qui sont pratiquement collés l’un à l’autre et qui ont pourtant une couleur de l’eau radicalement différente. Si vous suivez le sentier de randonnée PR03 FLO (7,3km A/S), vous pourrez voir sur le chemin la Caldeira Seca (un cratère asséché) et la Caldeira Branca pour finir à Fajã Grande au poço do Bacalhau. Une randonnée sur le thème des lacs et des cascades qui vous offrira toute la palette des verts et des bleus existants. Je valide à 100%. Sachez que tous les lacs du centre de l’île sont également accessibles en voiture.

Lagoa Negra à gauche et Lagoa Comprida à droite

Deuxième coup de cœur visuel en terme de lacs: le panorama depuis la route sur la Caldeira Rasa et la Caldeira Funda. Deux lacs à une altitude différente, séparés par une route. D’un point de vue particulier, on dirait que la Caldeira Rasa se déverse dans la Caldeira Funda. L’eau est encore de couleur différente, la végétation est complètement sauvage et les hortensias bleus toujours au rendez-vous. La vue est complètement dingue.

Lagoa Funda à gauche et Lagoa Rasa à droite

La couleur dingue du lagoa Funda

Lagoa Rasa

Conclusion

Voilà, c’était long à expliquer, à décrire mon ressenti, mais voici toutes les raisons pour lesquelles j’ai craqué pour Flores. Alors c’est sûr, je ne vivrais pas sur cette île à l’année. Il n’y a pas de travail, ça manque cruellement d’infrastructures (hôpitaux, écoles, services publics), de commerces, d’accès aux choses et il y a un réel problème de nourriture sur cette île. Les épiceries connaissent une véritable pénurie et les restaurants sont trop peu nombreux, quand ces derniers ne sont pas simplement fermés. Mais vivre une petite retraite d’une semaine sur cette île une fois par an, pourquoi pas ?!! Cette île représente vraiment l’idéal de ce que je recherche dans mes voyages: de la nature, de la verdure, des lacs, des montagnes, de la randonnée, des paysages à couper le souffle, un petit côté sauvage et secret et surtout pas bondé de touristes, des grands espaces où l’on peut se sentir seul au monde et privilégié. Flores coche toutes les cases.

Même si elle n’a pas une météo facile (temps très changeant, pluie, vent, brouillard), même si on peut vraiment y mourir de faim en 2017, Flores a comblé toutes mes attentes. Flores est mon eldorado de voyage.

Météo difficile sur Flores

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