Lors de la préparation de mon voyage en Serbie, avec les faibles ressources existantes sur le web et dans les guides, j’avais repéré plusieurs sites dignes d’intérêt dans la région de Serbie Centrale. Il s’agissait surtout de monastères ou d’églises, les principaux attraits touristiques du pays. Parmis tous ces sites pré-sélectionnés, il y en avait un que je voulais voir plus que tout: une petite église située sur la colline Oplenac dans le tout petit village paumé de Topola.
Mais il fallait se rendre à l’évidence, sans voiture et en ne restant dans le pays que 11 jours, ça allait être difficile de voir tout ce que je voulais. Les sites étaient éparpillés dans les diverses régions du pays. Il n’y avait pas un endroit qui rassemblait au moins deux ou trois sites à visiter. Cela implique donc de nombreux trajets en bus. Dois-je vous rappeler la galère que c’est que d’emprunter les transports publics serbes (à relire: les transports en Serbie) ? Si le pays est bien quadrillé par les lignes de bus, ces dernières ne sont pas du tout fiables. Il n’est donc pas envisageable de faire un aller-retour en bus dans la journée. Je devrais nécessairement faire le déplacement sur deux jours. Après réflexion, et voyageant seule, j’ai décidé d’éviter au maximum les galères et de ne pas m’engager dans ce genre de trip foireux. Je décidai donc de sacrifier des sites qui m’intéressaient beaucoup (comme la forteresse de Golubac et les Portes de Fer à la frontière Est), quitte à me dire que je reviendrai un jour à deux en mode roadtrip.
Et puis en demandant justement des conseils à l’office de tourisme de Belgrade pour me rendre à Topola, je rencontre Gianni, qui emmène un groupe là-bas demain. Il me rassure qu’il s’agit d’un petit groupe. Son excursion représente un budget vraiment énorme par rapport au coût de la vie en Serbie. Je n’avais pas prévu ce genre de dépense, préférant tout faire par moi-même. Mais il y aura d’autres visites lors de l’excursion, des sites que j’avais repéré avant de venir. Je fais craquer mon porte-monnaie et j’embarque dans l’excursion de Gianni le lendemain. Nous ne sommes que quatre: Gianni le guide, moi et un couple de danois. C’est parti pour une journée de découvertes en Serbie Centrale.
Eglise St George (цркве Св Ђорђа) – Topola
Environ une heure et demi après avoir quitté Belgrade, notre premier arrêt se fait justement à la petite église que je voulais absolument voir. L’église St George sur la colline d’Oplenac.
Ce qui est incroyable avec cette église, c’est son intérieur. Mais d’abord, voyons voir l’importance qu’elle a eu dans l’histoire du pays. La Serbie a connu une première révolution en 1804, menée par un leader au nom difficilement prononçable (Karađorđe Petrović) qui habitait dans un village proche de Topola. En tant que leader vainqueur, cet homme a fondé une dynastie dont il est devenu le roi et a fait de Topola la capitale de la nouvelle Serbie libérée de 1805 à 1813. Topola est donc le fief de la famille royale serbe, dont le fils Roi Alexandre et petit fils Roi Peter I (1903-1918) ont continué à faire prospérer le royaume.
L’église St George sert aujourd’hui de mausolée pour 29 membres de la famille royale serbe. Et ils n’ont pas fait les choses à moitié pour accueillir les membres dans leur dernière demeure. Cette église est tout simplement la plus belle qu’il m’ait été donné de voir dans le monde jusqu’à aujourd’hui. Marbre de Carrare au sol et plus de 40 millions de carrés de mosaïques, déclinés en plus de 15 000 nuances de couleurs, ornent chaque recoin de l’intérieur de l’église et de sa crypte au sous-sol. Il suffit de s’approcher un peu des murs pour se rendre compte de la finesse et du travail incroyable que cela représente. A mi-hauteur, est suspendu un énorme chandelier fabriqué à partir d’armes saisies aux troupes ennemies pendant la Première Guerre Mondiale.
C’est incroyablement lumineux à l’intérieur, c’est sublime. Je n’ai jamais vu une église intégralement recouverte de mosaïques. Je suis bluffée par cette oeuvre. J’ai vraiment l’impression que la mosaïque fait refléter la lumière dans toute l’église depuis les fenêtres en ogive. Ca donne une ambiance très apaisante. En plus, nous étions seuls dans l’église, ce qui nous a donné pleinement le temps de profiter de l’instant et d’admirer les fresques.
Si vous étiez bluffés par l’église, attendez de descendre dans la crypte. L’endroit le plus incroyable que j’ai jamais vu. On reste dans le même style, c’est-à-dire mosaïque intégrale, mais avec une ambiance tamisée. Des tons bleu roi pour le plafond, mais aussi des tons rouges pour les voûtes avec des lanternes rouges et vertes. C’est magnifique, je suis subjuguée par le lieu.
C’est assez immense en bas. C’est ici que reposent 29 membres de la famille royale. Je n’avais jamais vu une crypte comme celle-ci. La crypte de la cathédrale Saint-Sava de Belgrade était déjà assez incroyable, mais celle-ci est absolument prodigieuse et transcendante. Je suis vraiment contente d’avoir pu voir l’église St George. Elle est unique et elle vaut vraiment tous les détours du monde.
Royal wineries (Краљева винарија) – Topola
Après la visite de l’église, on reste dans le village de Topola pour visiter le vignoble royal créé par le fils, le roi Alexandre. Le vignoble produit du vin depuis 1931 et le bâtiment a été construit avec l’objectif de ressembler le plus possible à un vignoble de Provence.
J’y ai dégusté du vin rouge et du vin blanc. Ici, ils n’utilisent aucun sulfite, aucun produit chimique. Je ne suis pas une experte en oenologie mais j’ai trouvé que leurs vins étaient très frais, légers et très fruités. Le vin blanc avait un goût de prune et le vin rouge un goût de cerise. Mais du coup pour du vin je trouve que c’est trop léger. En plus, le vin rouge était au frigo. Je n’ai pas osé leur dire que c’était une hérésie de faire ça. S’ils voulaient atteindre le prestige du vin français, il y a encore du boulot. Ça m’aura au moins permis de voir ce que les serbes savent faire en terme de vin. Et puis c’était une étape agréable de la journée.
Monastère de Manasija (Манастир Манасија) – Despotovac (Деспотовац)
Le midi, on s’arrête manger dans un restaurant au bord d’une rivière, puis on se rend au monastère de Manasija. Un grand monastère situé en pleine campagne serbe et protégé par d’immenses tours et remparts médiévaux. C’est comme si le monastère jaillissait de la forêt, tellement le site alentour est verdoyant. Les résidents devaient être vraiment bien protégés à l’époque, entre l’isolement du lieu et les murs d’enceinte.
L’intérieur du monastère est assez épuré. Des murs blanchis et quelques fresques en hauteur dans un état plutôt délabré (les ennemis turcs ont griffé les yeux de tous les personnages des fresques). C’est surtout l’environnement général du site qui est digne d’intérêt avec son mélange des architectures entre ses fortifications en pierre et son église orthodoxe dont les façades mixent pierres taillées et surfaces lisses.
Resava Cave (Ресавска пећина)
Après le monastère de Manasija, on se dirige vers notre dernière étape de la journée, la grotte de Resava. Une des grottes les plus étendues de Serbie, découverte par hasard par des bergers en 1962.
Ce n’est pas la plus belle grotte du monde, certes. Mais c’est tout de même une grotte où le temps a déjà bien travaillé la roche, offrant quelques jolies draperies, stalactites et stalagmites. Cette grotte est plus jolie et plus délicate que la grotte Vrelo que j’avais visitée au canyon de Matka en Macédoine par exemple.
C’est la fin de cette excursion avec Gianni, qui nous ramène sur Belgrade en soirée. Ça a été une grosse journée mais je suis vraiment contente. J’ai découvert quatre sites notables de Serbie Centrale, de très beaux sites même. J’ai découvert la Serbie rurale et j’ai eu l’occasion de déguster du vin local. Même si au début je trouvais l’excursion trop chère par rapport à mon budget initial, je ne regrette absolument pas d’être partie avec Gianni. Car en me débrouillant tout seule avec les bus, pour visiter ces quatre sites, il m’aurait fallu 3 ou 4 jours et de nombreuses galères et beaucoup de marche à pied.
Infos Pratiques
Je suis partie avec un guide de l’office de tourisme de Belgrade (situé dans la rue piétonne au croisement de Knez Mihailova et Trg Republik). J’ai réservé la veille pour un départ le lendemain. Il me semble que cette excursion ne se fait qu’une ou deux fois par semaine.
J’ai payé 80€ la journée (à convertir en RSD au taux du jour) qui comprend le trajet aller-retour depuis votre hôtel à Belgrade, les entrées aux sites, le guide. Seul le repas du midi n’était pas compris dans le prix. On s’arrête dans un resto au bord d’une rivière qui propose un large choix de plats.
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9 Comments
J’ai aussi eu l’occasion de visiter Oplenac et le monastère de Manasija et c’est vrai que sans voiture il est difficile d’aller visiter ces lieux magnifiques ! Les visites guidées ont en plus l’avantage d’en apprendre plus sur les endroits car tout n’est pas forcément traduit en anglais…
C’est tellement dommage que ces lieux soient difficiles d’accès sans voiture. Car vraiment, je suis ravie d’y être allée. J’aurais vraiment loupé quelque chose sinon.
C’est trop trop beau !
La Serbie a l’air d’être un si joli pays, on se l’est déjà noté pour une prochaine fois 🙂
Avec Jasmine ou en van ça doit être encore mieux. J’ai été un peu frustrée de dépendre des transports en commun et de ne pas pouvoir aller partout. Je n’attend qu’une chose, y retourner en roadtrip (ça fait loin quand même) ou louer une voiture sur place.
L’église est vraiment magnifique, une vraie pépite. Les photos sont splendides. J’espère pouvoir la visiter un jour, pour voir ça de mes propres yeux.
Ca a l’air magnifique !
Pour avoir passé une petite semaine à Belgrade, la capitale de la Serbie, je suis devenue très attirée par le pays, ses gens, son histoire et sa culture!
J’ai adoré découvrir à travers ton article ce que je n’ai pas encore eu la chance de voir…
Merci pour ton commentaire. J’espère que tu auras l’occasion d’y retourner pour découvrir le reste du pays qui cache de nombreux trésors et pas très loin de la capitale en plus.