En mai dernier, je me suis rendue dans le Beaufortain pour la première fois. J’ai l’habitude d’aller en Savoie et Haute-Savoie, mais le Beaufortain était un massif dans lequel je ne m’étais encore jamais rendue. C’est Paul qui a proposé cette destination. Il y a déjà fait l’enduro du Beaufortain en VTT et il a suffi qu’il me montre une photo de lac pour valider définitivement cette destination pour nos vacances de mai.
Notre point d’attache pour ce week-end prolongé a été Beaufort. Et oui, c’est exactement ici qu’est produit le fameux fromage Beaufort. On voit d’ailleurs partout au bord de la route et dans les champs ces belles vaches marron avec leur cloche savoyarde autour du cou.
Le village de Beaufort est mignon comme tout, voire bucolique avec son ruisseau qui traverse le village, ses petits ponts en bois ou voûtés en pierres et son joli clocher en tuiles qu’on voit depuis presque n’importe quel endroit du village.
On ne va pas vous cacher qu’à cette période inter-saison, tout n’était pas ouvert. Il y a pourtant le choix en termes de restaurants, mais la plupart n’ouvriront qu’au mois de juillet. On s’est donc souvent rabattu sur le même bar et le même restaurant durant ces quatre jours, faute de choix.
Mais ceci n’est qu’un détail car si nous sommes venus dans le Beaufortain hors saison de ski, c’est pour faire de la randonnée et pour s’en mettre plein les yeux niveau paysages de montagne. Et on a été servi. Pour être honnête, leur domaine skiable ne me fait pas du tout rêver (très petit, très familial-débutant). Mais je trouve en revanche que le Beaufortain a un potentiel énorme pour la saison d’été et qu’il bénéficie de paysages incroyables. Voyez plutôt.
Pour se mettre en jambes, on a commencé par ce qui devait être une randonnée « facile » d’une durée d’une heure aller-retour autour du lac de Saint-Guérin, jusqu’à la passerelle himalayenne à l’extrémité du lac. Mais dès le début, on est tombé sur un os, ou plutôt un tronc. Au printemps, la difficulté dans le Beaufortain est que de nombreuses routes sont coupées. Durant l’hiver, des arbres tombent sur la route, arrachant les fils électriques. La route est coupée, laissant isolés plusieurs villages/chalets. Cette dernière ne sera remise en état qu’en juillet avant l’arrivée des touristes. Bref, 4km avant le point de départ de la randonnée, on se retrouve face à un tronc d’arbre qui barre la route. On gare la voiture sur le bord de la route et on part à pied. On suit la route en épingles et on marche dans 50cm de neige. Neïko, notre chiot de sept mois, est aux anges. Il se roule dans la neige, croque la neige.
Durant la marche, on tombe régulièrement sur des troncs d’arbres en plein milieu de la route. C’est un peu un parcours d’obstacles mais lorsque l’on arrive enfin devant le barrage de St Guérin (normalement le parking et le point de départ de la randonnée), on est vraiment content de s’être donné tout ce mal pour arriver jusqu’ici. Les montagnes environnantes, encore enneigées, rendent le cadre complètement enchanteur. Les sapins verts, le ciel bleu ce jour-là, on est devant une carte postale. C’est ici qu’on prend notre première photo de famille à trois, après cette rando improvisée éprouvante. Je me souviendrais longtemps de cette arrivée épique dans le Beaufortain, c’est un super souvenir pour nous.
On ne s’arrête pas au barrage. On a la passerelle himalayenne en ligne de mire, à l’autre extrémité du lac (normalement 20-30min de marche depuis le barrage). Après avoir traversé les vertigineuses passerelles du lac de Monteynard, je suis à l’aguet de la moindre passerelle maintenant. On passe devant une puissante cascade qui crache son jet à travers les sapins. Une cascade qui ne doit pas exister à l’année. Sans doute est-elle le résultat des fortes chaleurs du mois de mai et de la rapide fonte des neiges. Elle se déverse directement dans le lac St Guérin.
On continue à marcher dans plus d’un mètre de neige. Mais on suit des traces de pas existantes. Nous ne sommes donc pas les seuls à tenter cette rando dans la neige.
On arrive sans encombre jusqu’à la passerelle. C’était finalement la partie la plus simple, malgré le mètre de neige. Nous n’avons pas eu d’arbres sur notre chemin. Mais la passerelle est fermée jusqu’au 31 mai. Décidément !
C’est aussi cette passerelle qui nous permettrait normalement d’aller jusqu’au lac des Fées, mais nous avons désormais la confirmation qu’il est impossible de randonner dans le Beaufortain avant le mois de juillet (et encore, même en juillet rien n’est certain). On refait donc tout le chemin en sens inverse jusqu’à la voiture. Le chien est trempé mais super satisfait de sa sortie. On déguste un pique-nique bien mérité dans la voiture.
En rentrant à Beaufort, et face aux nombreux obstacles que l’on croise sur des randos que nous avions prévues de faire, je me rends à l’office de tourisme pour savoir ce qu’on peut faire ou pas. Ils me confirment qu’en effet, tout est encore bloqué (on est le 15 mai et il fait 30°C). Ils nous annoncent même que la route principale pour accéder au lac le plus prisé du coin, lac de Roselend, est coupée. Au lieu de 15min de route, on va devoir passer par des lieux-dits improbables, passer deux cols et faire un détour de plus d’une heure de route. Je n’aurais jamais trouvé l’itinéraire bis toute seule. Comme quoi, les OT ont encore de beaux jours devant eux. Internet est une incroyable mine d’informations, mais ne peut pas encore nous donner les infos actualisées à l’instant-T (météo, état des routes, accessibilité…).
Donc le lendemain, on fait les sandwiches et on suit notre carte gribouillée (indiquant toutes les routes barrées) pour atteindre le fameux lac de Roselend. Une véritable expédition semée d’obstacles, mais une fois sur place, une vision surréaliste.
C’est juste trop magnifique. La montagne est complètement enneigée, la couleur du lac est émeraude effet miroir, les nuages ressemblent à du coton. Il n’y a pas une âme en vue, c’est paisible.
On traverse l’immense barrage de Roselend à pied. Il est gigantesque. La vallée qui donne derrière le barrage est par contre déjà débarrassée de toute neige, verdoyante comme pas possible. C’est fou comme un simple barrage de béton fait la frontière entre deux microclimats (d’un côté c’est l’hiver, de l’autre le printemps).
Après la traversée du barrage, on doit revenir sur nos pas, la route du col du Pré étant barrée. On longe donc le lac sur sa rive Ouest à pied (la route étant barrée aux voitures, encore !). Un petit air de Canada s’affiche devant mes yeux. C’est vraiment trop beau.
Tout au bout du lac de Roselend, on arrive devant une mini-chapelle en pierres, mignonne comme tout. Je me trouve de nouveau devant une carte postale. Avec les rayons du soleil qui chauffent notre peau, rien de mieux que de contempler la vue ici avec les torrents qui se jettent dans le lac.
Mais on ne pourra pas explorer le lac plus loin que cette chapelle, car la route est de nouveau inaccessible. Le Cormet de Roselend, le refuge du Plan de la Laie et le sentier de randonnée menant au Rocher du Vent sont complètement inaccessibles.
Il est vrai, j’ai été un peu frustrée de ne pas pouvoir accéder partout pour faire des randonnées mythiques comme le Roc du vent ou encore le lac d’amour. Après tout, marcher dans la neige ou en raquettes ne nous fait pas peur. Le problème, c’est vraiment le manque de moyens mis sur l’entretien des routes, rendant inaccessible les points de départ des randonnées. Malgré ça, j’ai passé un excellent moment dans le Beaufortain. J’ai été littéralement subjuguée par les paysages mi-hiver, mi-printemps qui s’offraient à moi. Et je ne pense pas que j’aurais trouvé ça aussi beau en plein été quand tout est vert, sans neige et sans reflets glacés. Même si clairement, on se serait plus éclaté niveau randonnées.
En relisant mon article, on dirait que j’ai un avis mitigé à propos de ce weekend. Alors est-ce que je recommande le Beaufortain au printemps ? Oui pour les paysages. C’est d’une beauté incroyable. Les panoramas sont d’une pureté assez dingue. Moi, en tout cas, j’ai été soufflée. Mais n’y allez pas en mode sportif ou rando, vous ne pourrez rien y faire. Allez-y en mode contemplation, un rythme à la cool, sans pression. Prévoyez aussi jeux de carte et épisodes Netflix en cas de pluie ou autre imprévu (une nouvelle route barrée par exemple), car vous ne pourrez pas vous réfugier dans un restaurant ou autre commerce (tout étant fermé). Pour être honnête, nous qui sommes hyperactifs, toujours en mouvement, avons vite fait le tour de toutes les options possibles à cette période (rando accessibles ou non, visite de villages, tour des commerces, petites marches familiales autour des villages, marché sous la halle). Donc, oui l’ennui et la frustration ce sont un peu fait sentir. Mais, avec du recul, j’ai quand même adoré ce weekend en famille. Il faut juste changer son état d’esprit et être en mode « cool ».
Epinglez-moi sur Pinterest !
5 Comments
C’est fou que la région soit à ce point à l’arrêt au printemps et que cela mette autant de temps pour rétablir les routes. J’avoue que j’ai un peu la même vision de vacances hyper actives et je pense que je serais trop frustrée de voir autant de routes bloquées ! En tout cas les paysages avec la neige sont vraiment trop beaux !
Il est vrai que la région est magnifique !
Merci pour ce reportage sur le Beaufortain ! Quelle région magnifique et attachante, c’est un des plus jolis coins de Savoie, à mon avis.
Ce n’est pas facile de prévoir des randos en montagne, au printemps, soit, il faut l’équipement d’hiver, avec skis ou raquettes, pour passer les parties enneigées, soit il faut attendre fin juin pour que tout soit praticable.
Pour avoir des infos sur les routes ouvertes, on peut utiliser ce site : http://www.savoie-route.fr/
Bonne journée !
Venez à Beaufortain pour voir la beauté majestueuse des montagnes, il y a beaucoup d’attraction : vastes plateaux, paysages poétiques,…, ce sera une expérience très différente. J’adore beaucoup cette destination. Merci pour vos belles photos. Bonne journée !
Une petite chapelle, face à un lac, une montagne enneigée, et plein de verdure autour, c’est un peu magique quand même ……
Photos magnifiques, comme d’habitude.