Nous sommes arrivés sur l’île de Faial après une semaine enchanteresse sur l’île de Flores. Île qui nous aura permis de trouver notre eldorado sur la planète Terre. Mais toutes bonnes choses ont une fin. Nous prenons l’avion pour atterrir sur la petite île de Faial, dans le groupe central de l’archipel. 21km de long pour 14km de large. Nous posons nos valises trois jours dans le camping de Praia do Almoxarife, une baie cachée derrière la très célèbre baie d’Horta.
Faial, la mal-aimée ?
Faial aura été l’île que nous avons le moins aimé des Açores. Ça ne veut absolument pas dire que l’île n’est pas belle (tout est wouahou aux Açores). C’est juste que sur les neuf îles de l’archipel des Açores, la barre est placée très très haut.
Flores surpasse toutes les îles. Du moins elle possède tous les critères que nous cherchons dans nos voyages (extrême beauté, nature luxuriante, isolée du monde, peu de touristes). Pico est une grande île, donc plein d’activités à faire avec des paysages variés et extraordinaires (vous l’aurez remarqué, aux Açores, l’usage de superlatifs est de rigueur). São Miguel, bien que très touristique, offre un très beau panel de paysages wouahou et d’activités de toutes sortes. Je ne peux pas parler pour les autres îles ne les ayant pas visitées. A côté de ces trois îles exceptionnelles, Faial est petite et offre beaucoup moins d’attraits touristiques (seuls trois grands points d’intérêt). On ne resterait pas une semaine entière sur Faial alors que sur d’autres îles, c’est faisable sans moyen de s’ennuyer.
Malgré ça, beaucoup de touristes arrivent sur l’île de Faial car il faut le dire, c’est le billet d’avion le moins cher depuis Ponta Delgada et Flores (les deux îles les plus éloignées). C’est donc l’île la plus économique d’accès. Par contre, une fois arrivés sur Faial, tout est plus cher : logement, nourriture, location de voiture (le revers de la médaille). C’est aussi une des raisons évidentes de notre désamour pour Faial : nous n’avions pas de voiture et étions donc très limités dans nos déplacements. Ce qui a joué sur notre exploration et appréciation de l’île. Après cette introduction, passons au récit de notre séjour sur Faial. On a quand même vu de très belles choses et l’île mérite tout de même un article sur ce blog.
Horta, ville active
Horta est la capitale de l’île de Faial. Nous arrivons en pleine Semana do Mar et pendant le 15 août, qui rassemblent plein de festivités dans la ville d’Horta : concerts sur le port, multiples restaurants éphémères, parades et spectacles dans les rues, processions religieuses sur la plage… Après l’isolation complète sur Flores, le changement est radical. On ne vit définitivement pas de la même façon sur toutes les îles de l’archipel. Retenez que Faial est une île très festive.
Ici, pas besoin de se soucier de ce que l’on va manger ce soir. Restaurants, snack-bars et street food sont à profusion et tout reste ouvert jusque tard dans la soirée (voire toute la nuit pendant le festival Semana do Mar.
Après avoir assisté au défilé, on se balade dans le très joli port d’Horta. C’est étonnant de qualifier un port de « joli » mais celui d’Horta est réputé pour ça. Tous les navigateurs du monde connaissent la marina d’Horta et chacun cherche à y laisser une trace de son passage en peignant une dalle. La marina donne en plus vue sur l’île de Pico juste en face et son fameux volcan Pico (point culminant du Portugal).
Notre œil est également attiré par les deux imposantes églises traditionnelles qui veillent sur le port et sur le Pico au cas où ce dernier déciderait d’entrer en éruption. Il s’agit de l’Igreja do Santíssimo Salvador et de l’Igreja de Nossa Senhora do Carmo. Bref, Horta est une ville pleine de vie, peut-être un peu trop. On préfère les beautés naturelles des Açores plutôt que la vie citadine.
On s’éloigne donc du centre ville à pied en direction du musée observatoire de la mer et nous entamons l’ascension du Monte da Guia qui offre une superbe vue sur toutes les baies alentours et sur l’île de Faial en général. On voit également les avions à hélices qui décollent et atterissent au plus près de la mer. C’est du haut de ce mont que l’on découvrira une magnifique plage de sable blond (rare aux Açores), la Praia do Porto Pim. Le Monte da Guia est une jolie petite randonnée à faire à deux pas de la ville.
Tour de l’île en scooter
Tout ceci on pouvait le faire à pied, mais nous ne sommes pas venus sur Faial pour ne découvrir que la baie d’Horta. Les trésors naturels de l’île ne sont accessibles qu’aux personnes véhiculées (ne comptez pas sur les bus, ils ne circulent jamais). Lorsque j’ai vu les prix de location de voitures sur Faial, j’ai failli faire une syncope (plus de 500€ les 3 jours pour une catégorie A de 40 chevaux. Pas question !). Nous sommes donc arrivés sur l’île en freestyle, sans réservation aucune, en espérant trouver de quoi nous occuper sur l’île. On a finalement loué un scooter pour 25€ les 24 heures (ce qui peut donc s’étaler sur deux jours). C’est ainsi que nous sommes partis à l’assaut de l’île sur notre petit 50cc jaune poussin.
** Conseil d’ami : Si vous n’avez pas eu de scooter à vos 14 ans, sachez que le réservoir d’un scooter est tout petit riquiqui. Ne tentez pas une traversée de l’île via des routes de montagne isolées, sans aucun réseau ni station service, lorsqu’il ne reste qu’un quart du plein. Je parle d’expérience.**
La route des volcans de Faial
J’ai beaucoup parlé de Pico comme île volcanique, mais Faial a aussi été formée et déformée par les volcans. D’ailleurs, en prenant la route par le Sud de l’île, on voit des panneaux « Route des volcans ».
Notre premier arrêt se fait à Morro de Castelo Branco. Un énorme rocher en dôme de lave blanche (le mot scientifique est roche trachytique) formant une péninsule. On décide de grimper sur ce rocher en suivant le sentier officiel PRC05 FAI (une petite boucle de 3,7km). On peut monter jusqu’au sommet du dôme. De là-haut, le panorama est à tomber. On voit le Mont Pico, encore celui-là. Il est tellement imposant, de plus qu’il est situé sur une île de taille relativement moyenne (les îles des Açores ne sont pas très grandes). On a aussi une superbe vue sur le littoral déchiqueté de l’île de Faial. On remarque que c’est une île très verte. Elle s’appelle pourtant « l’île bleue », nom qui lui vient de ses hortensias bleu-parme qui éclosent pendant l’été. Mais ce jour-là, au mois d’août, c’est surtout un petit point vert au milieu de l’océan bleu indigo. Le rocher du Morro de Castelo branco est également une aire de nification pour les sternes, puffins cendrés et autres oiseaux, mais au mois d’août, nous n’avons pas pu observer grand-chose.
Pour ceux qui aiment la baignade, Castelo Branco est également un très bon point d’attache entre piscines naturelles et sources d’eau chaude.
Après Castelo Branco, on enfourche de nouveau notre scooter sur quelques kilomètres pour aller au volcan du Capelinhos dont la dernière éruption date de 1957 et avait duré un an. Cette dernière éruption est d’ailleurs à l’origine de l’agrandissement de l’île. En effet, la coulée de lave qui s’est jetée dans l’océan était tellement énorme, tellement haute, tellement dense que l’île a gagné 2km² de surface. C’est assez exceptionnel à voir.
Le paysage à cet endroit de l’île devient complètement lunaire. On pourrait littéralement être sur une autre planète. On voit très bien la démarcation de l’île verdoyante et le début de la coulée de lave noire. J’aime les paysages avec des contrastes de couleurs aussi marqués qu’ici. La force de la nature à son apogée.
Le vieux phare lui, n’a pas été endommagé par l’éruption et a observé, impuissant, le drame se produire pendant un an. Aujourd’hui, le phare de couleur gris-marron se fond parfaitement dans le décor de cendres volcaniques qui recouvrent cette zone de l’île. A cet endroit de l’île, il est possible de visiter un centre d’interprétation sur le volcanisme.
Après le Capelinhos, on continue le tour de l’île en scooter mais au lieu de faire le tour de l’île par la principale route côtière, je décide d’emprunter les pistes intérieures de l’île pour rejoindre la Caldeira. C’est à ce moment-là, avant de prendre la piste, qu’il faut vous poser la question : « Ai-je assez d’essence pour retourner à Horta sachant que le réservoir d’un scooter fait 5L et qu’il me reste ¼ du plein et sachant qu’un scooter consomme beaucoup plus d’essence sur des routes de montagne car il n’a pas la puissance adéquate ? ». Vous avez une minute pour réfléchir. Pour notre part, nous avons eu très très chaud aux fesses. On a réussi à retourner à Horta par les petites pistes pour faire le plein (5€ ça ne nous ruinera pas). Une fois le réservoir plein, on a pu retenter l’ascension en scooter jusqu’au cœur de l’île, dans la Caldeira.
La Caldeira, c’est un cratère de volcan éventré qui fait 2km de diamètre et 400m de profondeur. A l’image de l’île, le cratère présente cinquante nuances de vert : vert fluo, vert sapin, vert bouteille, vert anis, vert pomme… On y trouve d’autres mini cratères à l’intérieur du cratère. Il est possible de faire le tour de la Caldeira par le haut, 8km de marche. Mais attention, dans ce coin de l’île, il fait bien plus froid et plus venteux qu’ailleurs. Le changement de météo est radical. Encore une fois, depuis la Caldeira, on a une superbe vue surplombant l’île de Faial, l’océan et l’île de Pico avec les hortensias bleu-parme. Paysage typique des Açores comme on aime.
Pour les habitués des sentiers de Grande Randonnée (GR), il est possible de faire toute la traversée de l’île de Faial à pied. C’est le sentier « Faial costa a costa » n°GR1 FAI qui fait 36,7km au total. De niveau difficile, ce sentier vous fera marcher du niveau de la mer (0m) jusqu’à 1000m d’altitude. Il y en a pour à peu près 12h de marche. Le plus sage étant de le faire sur deux jours. Tous les sentiers officiels de l’île de Faial sur ce site.
Farniente sur Faial sans les touristes
Enfin, le dernier lieu dont je souhaite vous parler sur l’île de Faial, c’est la zone de Praia do Almoxarife. Nous avons atteri dans ce hameau car c’est ici que se trouve le camping de Faial, proche d’Horta. C’est tout de même une randonnée de 40min de marche avec pas mal de dénivelé pour aller du camping à Horta et vice versa. Soyez véhiculés ou alors soyez client du camping qui n’a pas le choix que d’atterrir ici.
Praia do Almoxarife est une magnifique baie avec une grande plage de sable noir qui fait face au Mont Pico. Ici aucun touristes à part les trois clampins clients du camping (dont nous). Le 15 août, les habitants s’étaient mis sur leur trente et un et défilaient et chantaient avec une statue de la Vierge sur le sable noir pour aller jusqu’à l’église au bout du hameau. Un moment fort qui nous a fait découvrir la vie insulaire, la vraie. Pas seulement celle des paysages carte postale. On a également trouvé de quoi se restaurer avec un restaurant et deux snacks. On était tellement bien et comme on n’avait pas de voiture, on a passé une journée entière rien qu’entre le camping et la plage. Une journée farniente avec un panorama monumental : volcan droit devant. Notre prochaine destination.
Je ne ferai pas de rubrique « Infos Pratiques » dans cet article puisque nous sommes arrivés sur l’île sans aucune réservation. Les voitures de location étant beaucoup trop chères, les logements aussi, nous avons donc dormi au camping. Mon seul conseil après votre visite de Faial est de rejoindre l’île de Pico par le ferry. 3,60€ la traversée piéton et 30min de navigation. Inutile de réserver, même à la haute saison.
A côté de Faial, l’île de Pico
L’île de Pico vous réserve plein de belles surprises :
- Des aventures volcaniques
- De l’œnotourisme et des dégustations de vin
- Des sorties d’observation des cachalots et dauphins
- Et bien plus encore
Comme vous l’avez vu, Faial offre son lot de paysages « Wahou » dignes des Açores. Après, on a vu tellement de belles choses aux Açores, que l’île de Faial n’a malheureusement pas fait partie du palmarès car on a vu beaucoup mieux sur cet archipel extrêmement riche. Vous l’avez aussi remarqué, il est très difficile de profiter vraiment de l’île lorsque l’on n’est pas véhiculés. Le scooter nous a permis d’en voir un minimum mais nous aurions pu explorer encore mieux l’île si on avait eu une voiture (avec un vrai réservoir) sur toute la durée de notre séjour. Vous voilà prévenus pour votre propre séjour.
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4 Comments
Bien décrit et bien écrit, comme d’habitude. Merci. Et moi j’ai hâte de m’envoler le 6 mai pour 8 jours sur la lointaine Flores, suite à la formidable description que vous avez faite de… cet eldorado !
Faial a été mon île préférée aux Açores, beaucoup d’émotion en retrouvant dans tes images et tes mots ces lieux qui m’ont tellement touchée !
Hé bien merci de nous montrer les lointaines et merveilleuses Açores… car en l’état de la situation mondiale je vais devoir annuler cet eldorado de Flores, en mai.
Les Açores, une destination qui nous tente bien ! Hâte d’y aller… un jour 🙂