Pico est l’une des neuf îles de l’archipel des Açores. Elle semble faire l’unanimité chez tous les voyageurs qui ont foulé ses terres. Sa particularité est qu’elle détient le plus haut sommet du Portugal, le Mont Pico qui culmine à 2351m d’altitude. Mais ce n’est pas son seul atout dans sa manche. Pico est également une île de vins. A l’évidence, on peut être une île volcanique et y cultiver du vin sur cette même terre. Les habitants ont su s’adapter aux conditions géologiques et climatiques difficiles de l’île pour en faire un atout.
Bien-sûr, il y a bien plus à faire sur Pico que de picoler du vin (sur Pico on picole !). Et je vous parlerai de toutes ces autres merveilles dans un prochain article. Mais pour le moment, je vous emmène faire un tour de l’île de Pico sur le thème du vin.
Des vignes qui poussent dans les roches volcaniques
Ce que les touristes adorent sur Pico, ce sont ses paysages viticoles totalement hors du commun. On connait tous à quoi ressemblent les champs de vignes. Mais vous ne verrez jamais ailleurs des vignes comme sur l’île de Pico. Elles sont tellement extraordinaires qu’elles sont classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. C’est pour dire à quel point elles sont hors du commun.
Ce qui les différencie autant : elles sont entourées de petits murets de roche volcanique appelés « currais ». Ces petits murets, en plus d’être photogéniques, ont surtout une double fonction à l’origine. Ça permet non seulement de déblayer le sol pour pouvoir y planter les pieds de vignes, mais ça protège également les vignes du vent violent et du sel de l’Atlantique. Cette technique viticole sur Pico remonte au XVème siècle et a atteint son apogée au XIXème siècle. Depuis, la viticulture aux Açores est en déclin constant et on apprendra pourquoi à la Cooperativa.
Le lieu le plus connu de l’île pour observer ce type de paysages est Criação Velha, non loin de la capitale de l’île, Madalena. Il y a, en plus, un petit moulin rouge ultra photogénique en plein milieu des vignes, avec l’océan et l’île de Faial en arrière-plan. Pas étonnant que ce soit le lieu de visite privilégié.
Nous avons fait une randonnée en boucle autour des vignes de Criação Velha. C’est instructif, il y a quelques panneaux explicatifs. On passe par le bord de l’océan là où ils faisaient rouler les tonneaux de vin pour les charger sur les bateaux (les rola-pipas), on passe ensuite devant les propriétés de vin (maisons typiques de l’île de Pico en pierre volcanique et murs blanchis) puis on traverse les champs de vignes.
On arrive à différencier les parcelles car chaque propriétaire a planté un panneau publicitaire de son domaine (pas très beau) et a son petit portillon d’accès personnalisé (ça c’est mignon). Des petites portes rouges, bleues ou vertes qui s’ouvrent sur ces belles vignes. C’est volcanique et bucolique à la fois. Voilà une randonnée facile, sans dénivelé et qui offre une belle découverte des vignobles de l’île. On l’a fait sous la pluie en K-way. Dommage pour les photos qui ne rendent pas honneur au lieu, mais moi j’ai de très jolis souvenirs de cette balade sur l’île et je vous la recommande.
Ça c’était autour de Criação Velha, mais sachez que vous pouvez voir les vignes de Pico pratiquement partout autour de l’île, sans avoir besoin de les chercher. Il y en a toutefois plus sur la côte Ouest et sur la côte Nord vers l’aéroport. Mon guide mentionne que si on alignait tous les murets de pierre des vignes de Pico, la distance totale ferait deux fois le tour de la terre. Difficile de vérifier cette information, mais ça peut être vrai. Ces vignes encerclées de murets sont de véritables labyrinthes et il y en a vraiment partout sur l’île. Maintenant, c’est à vous de les explorer.
La coopérative de vins de l’île
C’est bien beau de voir ces jolies vignes, mais il serait bon de savoir ce que vaut ce vin des Açores. Pour la visite explicative et la dégustation, ça se passe à la Cooperativa Vitivinicola Da Ilha Do Pico. Tous les raisins récoltés sur l’île de Pico arrivent à la Cooperativa pour être transformés en vin. C’est bien connu, ensemble on est plus fort. Ça permet en plus d’investir en commun et en une fois pour tous les équipements de production. La coopérative compte environ 220 producteurs membres.
J’ai appris tant de choses sur le vin des Açores lors de cette visite. C’était super intéressant car aux Açores, on ne cultive pas le vin comme ailleurs dans le monde. Les vignerons doivent faire preuve de courage et de persévérance pour survivre dans leur activité. Lorsque nous y étions en 2017, on nous a annoncé que 80% de la production de l’année avait déjà été perdue à cause du mauvais temps (en 2016, ils avaient perdu 60% de leur production). C’est énorme ! J’ai du mal à comprendre comment il peut encore y avoir des producteurs de vin aux Açores tellement leur activité est décourageante. Finalement, ces gens permettent de faire vivre le patrimoine de l’île, de faire perdurer les traditions ancestrales. Mais en aucun cas leur activité ne leur permet de faire des bénéfices. Alors je leur tire mon chapeau.
Et puis franchement, leur vin n’est pas si mal, surtout le cépage Merlot de Terras de Lava, c’est celui que j’ai le plus apprécié. On en a d’ailleurs ramené deux bouteilles à la maison. Profitez-en pour acheter du vin sur place car vous ne le trouverez nulle part ailleurs (80% du vin des Açores est commercialisé aux Açores, donc seulement 20% sont exportés). Les tarifs sont très corrects, on a payé 9,80€ la bouteille de Terras de Lava et dans mes souvenirs, les blancs étaient aux alentours de 6€ la bouteille. Ils nous les ont bien emballé et protégé et les bouteilles sont arrivées en France sans casse alors qu’elles ont voyagé en soute, dans nos sacs à dos de backpackers. A part le Terras de Lava, on a aussi goûté du Frei Gigante en blanc, et des vins liquoreux apéritifs comme le Lajido ou encore l’Angelica.
Infos Pratiques : La visite guidée incluant la dégustation de trois vins coûte 3,80€. Se renseigner à l’accueil pour avoir les horaires de visite.
Le musée du vin
Pour aller encore plus loin sur la connaissance du vin des Açores, vous pouvez aussi visiter le Museu do Vinho. Ici, on apprend tout sur le vin de manière ludique. Il y a des ateliers sur les odeurs, les goûts…le tout dans une jolie mise en scène colorée.
Dans la cour, on a directement accès aux vignes toutes proches, le paysage si typique de Pico. Mais ce que j’ai préféré, ce sont les dragonniers. Ces arbres centenaires originaires des Canaries et du Cap Vert. Leurs branches torsadées s’entremêlent entre elles. On se croirait dans la forêt de Blanche-Neige, mi-enchantée, mi-diabolique. Ces arbres sont vraiment fascinants. Dans la cour du musée, on y trouve le deuxième plus vieux spécimen au monde : un dragonnier de 850 ans dont la voûte s’étend sur 16m de diamètre. Impressionnant !
Infos Pratiques : la visite du musée coûte 2€. On ne peut pas faire de dégustation, d’où l’intérêt de visiter la cooperativa en complément du musée. L’inconvénient du musée : tout est écrit en portugais. Pour les non lusophones, il fallait se trimballer de salle en salle avec une feuille de papier en anglais. Moins pratique et moins interactif puisque notre regard faisait sans cesse des aller-retours entre le papier en anglais et la mise en scène du musée.
Vous l’avez vu, amateurs de vins et d’œnotourisme, l’île de Pico est faite pour vous. C’est vraiment une destination qui sort du lot en matière d’œnotourisme. Je suis persuadée qu’elle vous laissera des souvenirs marquants. Bien-sûr, ne venez pas sur Pico uniquement pour le vin, profitez des autres paysages et activités extraordinaires qu’offre l’île et vous aurez le combo parfait pour un voyage inoubliable.
Autres articles sur l’île de Pico: Observation des cétacés
Sur les cinq jours que nous avons passé sur l’île de Pico, une journée a été entièrement dédiée au thème du vin. Vous pouvez facilement réaliser les trois visites de cet article sur une journée (vignes de Criação Velha, cooperativa et musée). Les lieux sont proches les uns des autres (pas plus de 15min de voiture) et les visites ne durent pas plus de 2h dans chaque endroit.
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2 Comments
Merci pour cet article ! Je n’avais jamais vu de telles vignes (pourtant j’en ai vu pas mal lol). C’est dommage que les vignerons des Acores aient des difficultés à vivre de leur vin, j’espère qu’ils vont s’accrocher car effectivement cela semble être un métier décourageant !
Les vignes avec ce mélange de pierres volcaniques sont très photogéniques. Quant aux arbres ils sont vraiment magnifiques, je n’ai j’amais rien vu de tel, ça doit être magique.