Voyager en République de Macédoine était déjà une grande découverte pour moi. Petit pays méconnu de l’ex-Yougoslavie, je ne m’attendais pas à en prendre plein la vue comme ça. Je m’attendais encore moins à découvrir une petite république indépendante en plein cœur du pays.
Suite de mon roadtrip en Macédoine, autour du lac d’Ohrid, l’un des plus vieux lacs du monde. Ohrid est une ville magnifique, pleine d’histoire et de culture, mais j’ai voulu voir ce que le lac, qui porte le même nom, pouvait offrir en dehors de cette ville très touristique. J’ai donc loué une voiture et suis allée voir le beau monastère orthodoxe de Sveti Naum à l’autre extrémité du lac puis je suis allée me perdre dans le brouillard au sommet du Parc National de Galičica. J’ai quand même pu avoir de superbes vues plongeantes sur le lac d’Ohrid et celui de Prespa. C’est ici pour relire la première partie du roadtrip.
En quittant le Parc National, je me suis redirigée vers la ville d’Ohrid et j’ai continué ma route pour explorer l’autre partie du lac, le côté Nord et Ouest.
Mon guide mentionne une certaine République de Vevčani dans un court paragraphe. Ça m’intrigue, je décide d’y aller. Je ne dispose que d’une carte générale de la région du lac d’Ohrid dans mon guide et rappelez-vous, tous les panneaux sont écrits en cyrillique (et non je n’ai pas pris le GPS). Tout ce que je sais, c’est qu’il faut que je roule en direction de Struga, deuxième ville du lac, station balnéaire familiale avec des plages pour se baigner. Passé Struga, je dois prendre la direction du Nord.
En effet, j’arrive à Struga rapidement. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de magasins de plage et de restaurants. J’ai un peu de difficultés à sortir de la ville et trouver une direction qui me parle. A une sortie de rond-point, le panneau jaune avec « Tirana » inscrit dessus m’a bien fait tilter quelques secondes. Mais j’étais encore très proche de la ville de Struga, en Macédoine donc et je sais que la capitale albanaise est plutôt située vers le centre du pays et non pas collée à la frontière. Je me dis donc que ce doit être un homonyme d’une ville macédonienne.
Je me trouve désormais sur des routes de campagne et je roule, toujours tout droit. Il n’y a pas vraiment de panneaux pour l’instant. Je croise peu de voitures. Deuxième voiture que je croise et deuxième voiture immatriculée A au lieu de MK. Je croisais régulièrement des voitures albanaises près d’Ohrid donc ça ne devrait pas m’affoler mais je commence à douter tout de même. Je croise ENFIN un panneau de la route. C’est seulement écrit en latin et non plus en cyrillique et latin. Là, je comprends tout à coup. Je roule en Albanie depuis 20 minutes. Et je me souviens du récit de jeunes italiens rencontrés à l’auberge de jeunesse à Skopje. Ils me racontaient le passage de frontière en bus entre différents pays des Balkans et comment les policiers à la frontière leur faisaient du chantage à chaque fois. Ils avaient donc la combine de passer les frontières avec aucun argent, aucun centime. Et moi qui venais de retirer 6 000 MKD (100€). Je mets cet argent dans mon soutien-gorge et je fais vite demi-tour.
Je n’ai passé aucun poste frontière à l’aller mais je suis très stressée de me faire contrôler au moment du retour en Macédoine. Il faut une vignette d’assurance spéciale si on fait sortir le véhicule du pays. Moi ce n’était pas mon intention, j’ai donc annoncé à l’agence de location que je restais uniquement en Macédoine. Je me dis que si j’ai un contrôle, je ne suis pas en règle et dans ces pays où la corruption et les backchichs sont monnaie courante, je stresse grave. Finalement, aucune embûche sur mon passage, je retourne tranquillement sur le territoire macédonien sans aucun contrôle. Encore une fois, je ne sais pas à quel moment exactement je suis retournée en Macédoine. Il n’y a eu aucun panneau de changement de pays, aucun poste frontière. Rien qui ne puisse nous informer d’un changement de territoire. C’est assez dingue.
Bref, après cette brève incursion en Albanie, j’ai réussi à atteindre la petite République de Vevčani. Pour la petite histoire, le village de Vevčani a décidé en 1991, lors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, de s’autoproclamer micro-nation indépendante. En étant indépendant, ils espéraient protéger leurs sources d’eau (que l’Etat communiste voulait faire dévier) et développer le tourisme dans le village.
Bien que cet Etat ne soit pas reconnu par l’ONU, ni par d’autres pays, ils ont leur propre drapeau, créé leur propre monnaie et il est même possible de faire tamponner son passeport avec le sceau officiel de la république de Vevčani.
Pour l’avoir visité, je trouve que l’objectif de développer le tourisme a un peu été un flop. Le village est charmant certes (et bien fleuri) mais il n’y a pas grand-chose à faire ou à visiter pour attirer les visiteurs. Il y a deux ou trois commerces de proximité, pas plus. De plus, ça manque clairement de communication. Pour attirer les visiteurs, il faudrait encore que les touristes aient connaissance de l’existence de ce lieu. Les informations que j’ai pu trouver sur internet ou même sur place sont très succinctes. Mais ma petite incursion en Vevčani a été une balade intéressante tout de même.
Le village est relativement isolé. La route d’accès est étroite, on croise difficilement à deux. D’ailleurs, je ne croise pas de voiture mais plutôt de vieilles charrettes en bois et des groupes d’enfants qui jouent sur la route de campagne (au ballon, sur des vélos…).
Dans le village, les maisons sont plutôt de type bourgeois (en terme de taille et d’architecture) mais bien souvent elles ne sont pas terminées (murs bruts en briques, non crépis) ou alors de vieilles fermes en pierres. Les voitures sont des modèles des années 80-90.
Un peu comme à Fribourg, des sortes de rigoles traversent les rues et quartiers du village, où s’écoule l’eau de la source. Avec les fleurs, ça apporte un côté bucolique au lieu.
Côté agriculture, j’avais déjà remarqué que la Macédoine était bien en retard au niveau de la mécanisation, comparé à la France. C’est en fait, l’image que l’on a de la Roumanie rurale, avec charrues tirées par des chevaux de trait. Mais dans le village de Vevčani, les familles ont encore moins de moyen pour cultiver leurs terres. Pas de gros engins ici (même non mécaniques), les couples sont dans les champs avec rien de plus que pelles, pioches et petites brouettes. Si l’on considère que la Macédoine a 30 ans de retard avec la France, la République de Vevčani, elle, a au moins 50 ans de retard.
Je n’ai pas pris beaucoup de photos car j’étais la seule étrangère en dehors des habitants et je ne voulais pas avoir ce côté voyeur. Mais j’ai apprécié ma balade dans le village. Il n’y a pas grand-chose à visiter mais vu sa proximité avec le lac d’Ohrid, un petit détour par là vaut bien le coup, au moins pour le folklore. Car visiter la république de Vevčani est un peu comme un voyage dans le temps et une parenthèse sereine hors des masses de touristes d’Ohrid. De plus, vous aurez visité deux pays pour le prix d’un.
Infos Pratiques
Location de voiture : j’ai payé 39€ (2 400 MKD) la journée de location. Le prix journalier sera moins cher si vous louez à Skopje plutôt qu’à Ohrid (car Ohrid est hyper touristique). Mais entre l’état des routes, les panneaux en cyrillique et les péages payants, je ne me sentais pas trop de faire le trajet en voiture toute seule, sans personne sur qui compter. J’ai donc pris le bus jusqu’à Ohrid puis loué la voiture sur place. J’ai loué le jour-même chez Rent a Car Escape Ohrid, sans aucune réservation préalable. Je les recommande. Ils ont pignon sur rue, ils ne prélèvent pas de caution. Au retour ils n’ont même pas fait le tour du véhicule, ils ont juste vérifié si le plein était fait.
Attention au passage de frontière. Suivant l’endroit, ce n’est pas franchement marqué, il n’y a pas de poste de contrôle. Vous l’avez vu, je me suis retrouvée en Albanie à mon insu. Faîtes donc attention, l’Albanie est plus proche que vous ne le croyez.
Aviez-vous déjà entendu parler de cette petite république indépendante au milieu de la Macédoine ? Vous est-il déjà arrivé de traverser une frontière sans le savoir ?
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Comment
Ces maisons pas finies, c’est exactement ce qu’on a trouvé plusieurs fois dans les campagnes de Croatie.
Au début, ça fait vraiment bizarre de voir ces maisons en travaux, dans lesquelles les gens vivent comme si de rien n’était, mais à force on s’est habitués à en voir un peu de partout ……