Après avoir passé une bonne semaine dans la région du Bohüslan au nord de Göteborg, nous quittons notre QG. Nous faisons trois heures de route pour changer de région suédoise et arriver dans le Småland. Nous sommes toujours dans le Sud du pays, en-dessous de Stockholm. Mais nous ne sommes plus sur le littoral, nous sommes dans les terres, dans une région de lacs et de forêts. Notre objectif : rencontrer le roi de la forêt, l’élan.
La découverte du Småland s’est faite autour d’un thème récurrent : les parcs nationaux et les réserves naturelles. Nous n’avons fait que ça dans le Småland.
Les Parcs Nationaux suédois
Première étape, le parc national de Store Mosse. Sur le papier, ce n’est pas le parc national qui me faisait le plus envie. Ce n’est pas non plus le plus populaire parmi les voyageurs, on en entend très peu parler donc je ne savais pas trop quoi attendre de ce parc. Mais moi vous me dites « Parc National » je fonce, c’est un mot magique pour moi. Je sais qu’il y a des critères à remplir pour obtenir cette appellation et pour quelqu’un qui aime la nature et la vie sauvage c’est un gage de préservation de la nature mais aussi de qualité de paysages à voir.
Bref, sur le papier le parc national de Store Mosse n’était pas très vendeur mais comme je ne passe jamais à côté d’un parc national, je lui ai accordé un jour de visite. Je vous préviens tout de suite, nous avons adoré ce parc national, nous sommes finalement restés deux jours. Nous aurions pu lui accorder un troisième jour. Il y a suffisamment de sentiers de randonnée pour occuper trois jours, mais nous étions trop excités de continuer notre road trip vers la prochaine étape, le prochain parc national qui se révèlera être le coup de cœur du voyage.
Ce qui est génial dans les parcs nationaux suédois, c’est que nous ne sommes pas obligés d’arriver dans le parc national par l’entrée principale, ni obligés de passer par le Naturum (centre d’accueil) pour commencer notre visite. Vous pouvez arriver par une toute petite piste de terre, vous garer devant un départ de randonnée et alors vous trouverez une petite boîte hermétique devant le panneau de départ avec des prospectus du parc et le plan de tous les sentiers de randonnée et ce en suédois, anglais et allemand. Plutôt pratique et j’ai trouvé les brochures des parcs hyper bien faites. On a toutes les info dont on peut avoir besoin, y compris des informations sur la faune et la flore spécifiques du parc national.
Egalement, les chiens sont autorisés dans tous les parcs nationaux et toutes les réserves naturelles, tenus en laisse.
Le Parc National de Store Mosse
Le parc national de Store Mosse est une grande zone humide qui a vu le jour il y a 14 000 ans lorsque le glacier s’est retiré. C’est un parc plutôt plat, de forêts, de tourbières, de marais, recouvert de mousse.
Comme dans toutes les tourbières qu’on peut visiter, la découverte du parc national se fera en équilibre sur un sentier fait de planches en bois étroites. Et on traverse la zone marécageuse comme ça, sans se mouiller les pieds. Le parc propose aussi des balades guidées en raquettes à neige l’été, afin de pouvoir carrément marcher en dehors du sentier balisé, sur la mousse flottante. Personnellement, je pense que ça abîme la végétation qui date de plusieurs milliers d’années. Mais si le parc propose cette activité c’est que ça doit être réglementaire.
A notre arrivée dans le parc national, nous avons commencé par faire les petits parcours accessibles aux familles et aux personnes à mobilité réduites. Le premier parcours s’intitule « Path of the forest trolls ». Un parcours à travers la forêt pour les enfants avec des panneaux et des sculptures en bois expliquant le vivant de la forêt, que ce soit des créatures réelles (écureuils, oiseaux) ou des créatures fantastiques très présentes dans le folklore suédois (trolls et fées). C’est ludique pour les enfants mais le paysage ne casse pas trois pattes à un canard. Nous sommes ensuite allés à la Lookout Tower. Une grande tour de deux étages permettant d’observer les oiseaux et autres animaux du parc. Bon point: cette tour est équipée d’un ascenseur pour les fauteuils roulants. Nous avons vu ce jour là un héron et des grues. N’oubliez pas votre paire de jumelles. Bon ça c’était des parcours pour les enfants.
Ensuite on enchaîne avec un sentier officiel du parc, le parcours rouge Kävsjön Runt de 12km qui fait le tour du lac Kävsjön. La rando est sympa, j’aime beaucoup marcher sur ces planches en bois et voir la vue dégagée sur la tourbière avec quelques arbres. On espère toujours croiser un élan à tout moment. En attendant, sur notre route nous trouvons une abondance de champignons, de myrtilles et de cranberries. On se régale. Mais pour ce qui est du lac Kävsjön, on ne le voit pas, le sentier prend un rayon bien plus large que le lac.
Du coup à mi parcours, à Östra Rockne, on bifurque sur une autre randonnée, un parcours vert, qui nous fait passer par Kittlakull. On s’arrête au Eagle Lookout qui, comme son nom l’indique, nous promet de pouvoir observer des aigles. On n’en verra point. La saison propice pour pouvoir observer des aigles est en décembre-janvier puisque le parc nourrit les aigles en hiver. Dans ce parc national, on peut notamment observer l’aigle royal (Aquila chrysaetos) et le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla).
Sur cette randonnée, on croise des spots de bivouac autorisés au cœur du parc national. Il y a même des toilettes sèches. On est très tenté par ce spot de bivouac mais au moment où l’on passe devant, nous en sommes à 15km de randonnée dans la journée sous une température de 28°C. On a bien transpiré et j’espérais vraiment pouvoir prendre une douche pour me laver après tout ça. Du coup, on passe notre tour, nous irons trouver un camping plus tard.
Camping à la ferme
Lorsque l’on retourne à notre point de départ, il est tard dans la journée. Ce parc national nous plait bien. Il a dépassé nos attentes. En plus, il n’y a aucun visiteurs, on était seuls sur les randonnées. On repère d’autres lieux à visiter sur le plan. On décide de trouver un camping à proximité pour revenir le lendemain.
Je trouve sur Google Maps le Ågårds camping. On est surpris quand on arrive sur place. Il s’agit en fait d’un camping à la ferme. On rentre dans une ferme équestre et au fond de la ferme il y a un champ avec trois stugas (cabines suédoises), une roulotte et une tente. Nous sommes les seuls clients en plus d’une famille dans l’autre tente.
C’est tenu par un papi fermier. Ça nous coûtera 15€/nuit, il faut ajouter 5 kr pour 3 minutes de douche. C’est bon marché. En Suède les campings sont plus autour des 35€/nuit, donc le Ågårds camping est plutôt un bon plan. Sauf s’il pleut car ici il n’y a pas de cuisine commune, il faudra cuisiner dehors.
De nouvelles rencontres animales
Nouvelle journée, on plie la tente et on retourne au parc national de Store Mosse. C’est une route différente de la veille puisqu’on vise une autre entrée du parc. On se rend à Kvärno de bon matin car c’est à priori le repère des élans.
Une fois dans la tour d’observation, jumelles en main, on scrute le panorama mais pas d’élans en vue. Par contre, on trouve une abondance d’oiseaux en couple ou en petits groupes de quatre. Il s’agit de grues cendrées (grus grus). On voit aussi quelques courlis cendrés (numenius arquata) et pluviers dorés (pluvialis apricaria). Au niveau oiseaux, on est vraiment gâtés, les espèces sont variées et en nombre.
Pendant qu’on scrute aux jumelles au loin devant devant nous, on entend du bruit dans l’arbre juste à côté de notre plateforme d’observation. Un petit écureuil est venu nous passer le bonjour. Pas farouche du tout, il restera un petit moment à nous observer en sautant de branches en branches. Trop mignon.
Nous devons reprendre la voiture pour aller au prochain point d’intérêt du parc, à Södra Svänö. Le parc est vraiment biscornu. Une voiture est nécessaire pour rejoindre les divers points d’entrée du parc et les liaisons sont assez longues. On emprunte des pistes en pleine forêt. En descendant de la voiture, on voit un tout petit serpent. Ce doit être soit un bébé serpent, soit une espèce de serpent miniature. Ayant peur des serpents, je ne vais pas m’attarder longtemps dessus pour découvrir de quelle espèce il s’agit.
Nous marchons sur des planches en bois sur environ 2km. En guise de petit déjeuner, nous cueillons des myrtilles. En plus des champignons qui sont un peu en avance, le mois d’août est également la saison des orchidées sauvages (Gymnadenia conopsea) dans le parc.
En ce deuxième jour, nous sommes toujours les seuls visiteurs du parc national. C’est royal !! Quand je pense qu’en France, à la même période, on se marchait les uns sur les autres sur les sentiers de randonnée du Beaufortain, qui n’est pourtant ni un parc national, ni même un parc naturel régional.
Puis on arrive à une autre tour d’observation. Nous sommes cette fois bien plus près du lac Kävsjön. On ressort les jumelles, on trouve encore des grues et des courlis.
Et là, paf ! ça y est, notre premier élan de Suède, on le voit même à l’œil nu. Enfin, c’est un bébé. Sur le coup on hésite même, à nous dire qu’il s’agit peut-être d’un simple faon. On scrute les alentours pour trouver la mère. Elle ne doit pas être très loin. Mais même en scrutant aux jumelles à travers l’orée des bois, la mère ne se montrera pas.
Le petit élan va boire dans le marais. Nous pourrons l’observer un petit moment avant qu’il ne retourne dans la forêt et qu’on le perde de vue. Après coup, j’ai fait mes recherches et je pense qu’il s’agissait bien d’un jeune élan et non d’un faon (petit de la biche et du cerf ou du daim). Ce qui me fait dire ça c’est qu’il est haut sur pattes, un museau assez large, qu’il n’a pas de queue et qu’il a des oreilles longues comme celles d’une mule. Toutes les caractéristiques qui le différencient d’un cerf ou d’un chevreuil. On a enfin rencontré le roi de la forêt suédoise. On espère que ce ne sera pas notre seule rencontre du voyage tout de même.
Sur le chemin du retour à la voiture, on croise encore un écureuil, cette fois pris en flagrant délit de réserves de pommes de pin (plus qu’il ne peut en porter dans ses petits bras). Il est tellement surpris de nous croiser ici qu’il en fait tomber ses pommes de pin au sol. Instant furtif et marrant. On a également vu un grand nombre d’odonates sur les tours d’observation. Ce sont des espèces de libellules dotées de deux paires d’ailes transparentes. On croise encore un spot de bivouac autorisé dans le parc national.
Alors Store Mosse, ça vaut le coup de s’y rendre ?
Oui, oui et re oui. Comme je l’ai dit plus haut, nous aurions même pu prolonger la visite en explorant d’autres coins du parc mais nous avions hâte de découvrir de nouveaux paysages suédois (le paysage reste assez similaire dans tout le parc de Store Mosse: forêt et tourbières) et de faire de nouvelles activités.
En tout cas, ce parc national aura comblé nos attentes. Il y a plein de sentiers de randonnée de distances variées. La marche est facile et agréable, sans dénivelé et il y a beaucoup d’infrastructures d’observation des animaux aux quatre coins du parc. Pour de l’observation animale, c’est définitivement au Parc National de Store Mosse qu’il faut se rendre. On est très heureux d’avoir fait autant de rencontres. On se rappellera toujours que c’était au parc national de Store Mosse que nous avons enfin croisé notre premier élan suédois. Et ça c’était magique.
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10 Comments
Très joli parc ! D’autant plus qu’il n’y a personne, c’est génial de l’avoir rien que pour soi ! 😀
Les écureuils sont souvent très curieux, ça ne m’étonne pas ! 🙂
Pour le bébé élan, je ne pourrais pas t’aider, je n’y connais rien …
C’était tellement bien ce parc et ce voyage.
Ohlala ça donne envie tous ces animaux et toute cette verdure <3
Oui et avoir la nature pour soi, c’est top aussi. En France on n’est jamais seuls.
La Suède, quel magnifique pays ! Je ne connaissais pas ce parc national et ça me donne envie d’y randonner. Merci pour vos magnifiques photos 😀
Merci pour votre message
Bonjour Estelle,
Merci de partager vos voyages.
Vous parlez dans cet article du prochain parc national qui fut votre coup de cœur du voyage sans le nommé…
Pouvez-vous nous le partager ou souhaitez-vous le garder jalousement comme jardin secret 😉
Je vous souhaite encore de belles découvertes et de nombreux émerveillements
Bonjour Linda, ah non ce n’est pas un secret, c’est juste que je n’ai pas encore eu le temps de rédiger et publier l’article. Il s’agit du parc national d’Asnen. J’en parle un peu dans le récap de l’itinéraire complet avec quelques photos mais je n’ai pas encore eu le temps d’écrire l’article détaillé sur ce parc national.
L’itinéraire récapitulatif se trouve ici: https://www.curiosity-escapes.com/fr/roadtrip-suede-itineraire/
Tout cela donne très envie pour un parc qui au départ ne valait pas le coup 😉
En revanche, navré de vous décevoir… Mais le petit élan n’est autre qu’un chevreuil !
De manière générale, la morphologie de l’élan est beaucoup plus « irrégulière ».
On le reconnaît avec ses pattes légèrement disproportionnées, sa bosse sur la partie dorsale et bien sûr son museau allongé (qui le rend à bien des égards moins gracieux que son cousin chevreuil :p)
Encore merci pour le partage, vous m’avez à nouveau donné envie de partir ! (Pour ma part je reviens de Finlande !)
Parc très sympa, nous y avons fait une halte cet été lors de notre road trip, on n’a pas eu la chance d’y voir des animaux, et encore moins l’élan que nous avons espéré pendant deux semaines 🙂
On retentera notre chance l’été prochain.