Parce que les voyages ce n’est pas toujours tout rose, parce qu’il arrive que tout ne se passe pas comme prévu, j’ai décidé de vous dévoiler mes péripéties vécues en voyage. Petites mésaventures anecdotiques ou grosses galères, je vous raconte tout sans tabou. Ceci dans le but de dédramatiser lorsqu’il nous arrive quelque chose. Il ne faut surtout pas s’arrêter à ces mauvais moments et se priver de voyages à cause de ça. D’ailleurs, plusieurs semaines voire années plus tard, je raconte ces anecdotes et on en rigole bien après coup. Ces souvenirs, bons ou mauvais, font partie intégrante de mon voyage et c’est ce qui l’a rendu si unique à mes yeux. Mon voyage, mon histoire. Alors aucune raison de s’en cacher ou d’enjoliver le tout.
Les transports en Serbie
En avril dernier, j’ai passé 11 jours en Serbie. Un temps suffisamment long pour sortir de Belgrade et découvrir d’autres régions du pays. On peut le dire, je me suis heurtée à quelques déconvenues niveau transports dans ce pays. Voyez plutôt.
1.Arrivée chaotique à Belgrade
Ce voyage en Serbie était un voyage en solo. J’avais fait en sorte que mon arrivée dans le pays ne soit pas stressante. J’avais réservé des billets d’avion me faisant atterrir en pleine journée, à midi. De ce fait, les transports en commun circuleraient normalement (ras le bol de stresser de louper le dernier bus de la journée). J’avais repéré quel bus local je devais prendre pour me rendre en centre-ville (le bus 72) et j’avais marqué dans mon GPS hors ligne l’emplacement du terminus du bus et la route à pied pour rejoindre l’auberge de jeunesse que j’avais réservée.
Sauf que rien ne s’est déroulé comme prévu. J’arrive comme prévu à l’aéroport de Belgrade le samedi 22 avril et j’attends l’arrivée du bus. Je tends au chauffeur un billet de 200 RSD pour payer le ticket et là le chauffeur fait rentrer tout le monde en disant “No ticket, no ticket…marathon, marathon, marathon !!!”. Je me dis qu’il est un peu fou, qu’il est à la bourre sur ses horaires, que sa vie est un marathon et qu’il décide donc de ne faire payer personne pour prendre la route au plus vite.
En fait, il y avait vraiment un marathon ce jour-là, le marathon de Belgrade. Des boulevards entiers sont fermés à la circulation. A peine 10 min après avoir quitté l’aéroport, le chauffeur nous largue dans la campagne entre l’aéroport et Belgrade. Il indique apparemment aux autres passagers de prendre un tramway, en serbe bien évidemment. Je ne comprends pas le serbe, je suis les autres passagers jusqu’à l’arrêt de tram. J’entends une jeune fille qui parle anglais avec un autre voyageur. La seule personne du bus qui parle anglais. Je m’incruste carrément dans leur conversation et je ne les quitterai plus jusqu’à l’arrivée à l’auberge. Elle s’appelle Andjela et est serbe.
Nous montons dans un tramway. On pourrait croire que l’histoire s’arrête là et que j’arrive à Belgrade en 30 min, mais non. Au bout de 600 mètres, sans exagération, le tramway s’arrête en plein milieu des rails. Nous attendons. Au bout de 15 min, une grosse majorité des passagers descend du tramway. Nous faisons de même et là un spectacle inattendu: une ligne de tramways à l’arrêt qui s’étend jusqu’à l’infini.
Les coureurs du marathon eux courent sur le grand boulevard juste à côté. Andjela appelle trois compagnies de taxi différentes avec son téléphone portable. Après une longue mise en attente, tous nous informent qu’il n’y a aucun taxi disponible dans toute l’agglomération de Belgrade et que plus aucun véhicule ne rentre dans la ville désormais. On ne peut qu’en sortir. A cet endroit mon GPS hors ligne m’annonce 1h20 de marche jusqu’à l’hôtel.
Pas d’autre solution, nous y allons à pied. Nous marchons aux côtés des coureurs du marathon. Voilà comment je me suis retrouvée à faire le marathon de Belgrade, malgré moi. Et je rappelle que j’avais au moins 15 kg de bagages. Mon sac à dos de vêtements sur le dos et mon sac à dos de jour (appareil photo, portefeuille, livre) sur le ventre. Je pense donc être plus méritante que les marathoniens sur ce coup. Pendant la marche, on fait connaissance, on s’achète à boire et des glaces (il fait chaud) et on continue de marcher. Andjela rappellera régulièrement les compagnies de taxi, sans succès.
On traverse enfin un long pont d’où l’on peut voir les travaux pharaoniques du futur waterfront de Belgrade et on arrive dans le centre. Andjela me mènera jusqu’à mon auberge et oh surprise, devant la ligne d’arrivée du marathon. En plus je suis finisher du marathon de Belgrade, quel exploit ! Je remercie de tout coeur Andjela de m’avoir accompagnée tout le long. Je l’aurais beaucoup plus mal vécu si j’avais été seule dans cette galère sans aucun anglophone pour m’aider. Depuis nous gardons contact via Facebook.
Au final, j’aurais mis 3h15 pour faire le trajet aéroport-centre ville au lieu de 40 min. Je pensais que la situation était exceptionnelle mais j’aurais dû me douter que ça ne faisait qu’annoncer la couleur de ce qui m’attendait en Serbie.
2.Tomber en panne sur l’autoroute
Après avoir passé trois jours à Belgrade, je décide qu’il est temps d’aller voir un peu ailleurs en Serbie. Je choisis la ville de Niš dans le sud du pays, très bien desservie par les bus locaux. J’achète mon ticket de bus pour 9h30, non sans quelques difficultés linguistiques. Le bus part à l’heure.
Nous sommes sortis de la capitale, ça fait peut-être 20 min que l’on roule sur l’autoroute quand le bus s’arrête tout d’un coup sur la bande d’arrêt d’urgence. Dans une conversation serbe incompréhensible, j’arrive à détecter le mot “motor”. Je sors du bus, une énorme flaque d’huile coule l’autoroute. Le bus semble H.S. Je tiens à préciser qu’il y a plus de 30 bus qui font la liaison Belgrade-Niš chaque jour. Il a fallu que je prenne LE SEUL BUS qui tombe en panne. Faut le faire quand même.
Une dame essaie de m’expliquer la situation. Nous ne sommes qu’une quinzaine de passagers dans le bus et il n’y a aucune personne qui parle anglais. Elle me parle en italien, ce qui se rapproche le plus de nos deux langues respectives. Et mine de rien je comprends ce qu’elle me dit, mais je n’arrive pas à lui répondre en italien (j’ai fait Espagnol en LV2). Puis elle téléphone à son fils Marko, qui lui parle anglais. Elle ne cherchait pas à m’expliquer le problème, elle voulait juste savoir d’où je venais, ce que je faisais en Serbie, qu’est-ce que j’allais visiter. Elle voulait papoter quoi. La situation est complètement improbable mais elle était très gentille. J’en aurais fait des rencontres en Serbie.
Au bout d’une heure d’attente au bord de l’autoroute, un deuxième bus nous récupère pour nous emmener à Niš. Mis à part le fait que ce bus était plein à craquer, le reste du trajet s’est fait sans encombre.
Morale de l’histoire: les transports en commun en Serbie sont vieillissants et pas forcément entretenus. En Serbie, vous savez quand vous partez mais vous ne savez pas à quelle heure vous arriverez. Et c’est vrai. Avec le bus je suis toujours arrivée avec 1h à 2h de retard par rapport à l’heure d’arrivée annoncée, même quand le bus ne tombait pas en panne.
3.Des gares centrales décentralisées
En Serbie j’ai eu l’occasion de prendre le train une fois, de Novi Sad à Belgrade. Il faut savoir que dans les Balkans en général, les réseaux ferrés ne sont pas du tout développés. Les coûts d’entretien sont trop élevés et les investissements dans cette branche ont été complètement abandonnés. Dans ces pays, le bus met moins de temps que le train.
Contrairement aux bus, cette fois je tombe sur un train flambant neuf. On part à l’heure, on arrive à l’heure. Le problème: je ne suis pas du tout arrivée là où je pensais arriver. Pas besoin de parler le serbe couramment pour comprendre que mon train à destination de “Beograd Centar” voulait dire “centre-ville de Belgrade”. Ben en fait non. Et je ne suis pas la seule à avoir été surprise à l’arrivée du train. Même les passagers habitant à Belgrade se sont retrouvés bien perplexes dans cette gare en travaux dans laquelle nous sommes arrivés. Je regarde mon GPS hors ligne, nous sommes à plus de 50 min de marche du centre-ville, carrément de l’autre côté du fleuve, à Novi Beograd.
Par miracle, cette fois-ci une jeune fille parle anglais. Elle non plus ne s’attendait pas à arriver ici. Ben oui “Beograd Centar” veut bien dire “Main railway station” dans le vieux Belgrade. Cette situation est incompréhensible, même pour les locaux. Un peu agacée par la situation, elle me dit “Welcome to Serbia !”, du style “ce genre de truc arrive tout le temps ici, les transports ne sont pas fiables”.
Elle me propose de prendre le bus. Je la suis. Là encore, après 300 mètres, le bus s’arrête annonçant le Terminus. What !! Apparemment il y a des manifestations en cours. Les gens protestent contre le candidat gagnant des dernières élections. On marche un peu, on traverse un pont, on court et on monte dans un deuxième bus. Encore moins de chance que la première fois, cette fois-ci le bus s’arrête net au bout de 150 mètres. C’est ainsi que j’aurais fait tout le chemin à pied, encore une fois avec mon gros sac à dos et mon sac de jour. Les serbes m’en auront décidément fait voir de toutes les couleurs. La gentille jeune fille m’aura accompagnée jusqu’à la gare où nous aurions dû arriver au départ.
En conclusion, ne pas se fier aux noms des gares annoncées. Quand on sait désormais que la gare centrale se trouve complètement excentrée dans une ville voisine, il vaut mieux prévoir large, très large dans votre emploi du temps. Ce que je trouve dingue, c’est que même les locaux s’y perdent.
4.Et la voiture, on en parle ?!!
La conduite en Serbie est assez folklo. Ils ont le même code de la route que nous, les mêmes panneaux, mais ils n’en ont absolument rien à carrer.
Déjà en ville, ça klaxonne beaucoup, tout le temps, sans aucune raison. Pas autant qu’en Inde, mais dans le même style quand même.
Les voitures doublent en plein dans les virages, sans aucune visibilité, juste en passant devant un panneaux “Interdiction de dépasser”. – 3 points. Ils passent à trois voitures en frontal quand il n’y a que deux voies. “T’inquiète, ça passe”, doivent-ils se dire. Moi je serre très fort les fesses à ce moment-là.
Et sur une voie à circulation alternée, où il n’y a la place que pour un véhicule, un pont par exemple, eh bien ils passent à deux quand même. Ils n’ont que faire du panneau rond rouge leur indiquant que c’est ceux qui arrivent d’en face qui ont la priorité.
Le port de la ceinture de sécurité est réellement une option ici. Quant au téléphone, vous pouvez être certain de croiser tous les serbes au volant en train de téléphoner et même d’écrire des SMS.
Les voitures sont vieilles, voire très vieilles. Il n’est pas rare de croiser encore aujourd’hui, des vieilles Yugo, marque yougoslave dont la production s’est arrêtée en 1989. Un jour, je suis montée dans la voiture d’un gars que l’auberge de jeunesse m’avait recommandé pour me rendre à Mokra Gora. Une vieille Renault 21. J’ai complètement halluciné quand j’ai vu le kilométrage sur le tableau de bord: 740 000 km. Vous y croyez ? J’ignorais qu’une voiture pouvait encore rouler avec autant de kilomètres. Déjà à 400 000 km on dit d’une voiture que c’est une antiquité, mais à près de 750 000 km, c’est un dinosaure. Je dirais même que c’est un exploit technique.
Vous l’avez vu, la sécurité routière en Serbie c’est vraiment moyen moyen. Ne comptez pas sur le code de la route pour vous protéger, soyez hyper vigilant, fiez-vous plutôt à votre instinct (de survie). Je ne conseille pas de conduire par vous-même dans les grandes villes. Dans le reste du pays, ça devrait aller.
Voilà un échantillon des galères de transports que j’ai pu rencontrer en Serbie. Si un seul incident m’était arrivé, on aurait pu dire que c’était exceptionnel, un concours de circonstances. Mais là, avec toutes ces péripéties, il n’y a plus de doute. Dîtes-vous que c’est tout le temps comme ça en Serbie. La jeune réceptionniste de mon auberge à Užice m’a d’ailleurs dit “This is Serbia, everything is more complicated in Serbia”, en parlant des transports en commun. Mais surtout ne prenez pas peur à la lecture de cet article. D’une ça fait partie de l’aventure “Balkans” mais aussi parce que j’ai découvert des endroits vraiment merveilleux dans ce pays. Même si l’accès était compliqué, la récompense était là au final. A suivre dans les prochains articles.
Et vous, y a-t-il un pays en particulier où vous avez connu galère sur galère avec les transports ?
Cette série d’articles est inspirée des épisodes « Voyageur loser ! » des Globe Blogueurs. D’ailleurs, je vous invite à les lire, c’est super drôle.
10 Comments
Ah mais toi aussi ! L’an dernier quand j’étais à Belgrade, je m’y suis retrouvée le jour du marathon justement… pas le jour où nous sommes arrivées mais le lendemain. On avait prévu plein de trucs à différents endroits et finalement on a dû beaucoup beaucoup marcher, y compris jusqu’à la vieille ville de l’autre côté. Mais les gens étaient adorables, super anglophones (contrairement à Budapest)
Tu as pu entrer dans Ste Sava ? elle était fermée quand nous y étions !
Quelle galère ce marathon. Oui je suis rentrée dans St Sava qui est toujours vide et en chantier à l’intérieur, mais j’ai eu la chance de descendre dans la crypte, oú se tiennent actuellement les services religieux en attendant, et c’était vraiment splendide et hyper lumineux.
Franchement, j’ai bien rigolé en lisant cet article.
J’ai quand même noté qu’à chaque fois tu as croisé des personnes qui t’ont aidée dans la galère, t’accompagnant même jusqu’à ta destination. J’en conclue donc que les Serbes sont ouverts et serviables, ce qui me rassure pour un projet futur de découverte de ce pays.
Ce qu’il faut retenir c’est qu’il faut être un bon marcheur pour aller en Serbie……
Oui il faut noter que j’ai rencontré des serbes gentils et patients. Mais c’est clair prévoyez les chaussures de rando et la bouteille d’eau de survie.
Ah mais quelles galères ! C’est clair que c’est du grand n’importe quoi ! Je n’ai jamais eu de galères de transport comparable. Finalement même le RER B c’est de la rigolade à côté de la Serbie ! En tout cas ce qui est cool c’est que les gens ont l’air hyper sympas 🙂 et à noter si je vais en Serbie : toujours prendre de la marge, voyager léger et prévoir de bonnes chaussures ^^
Ah la réputation du RER B, n’étant pas francilienne je ne connais pas vos galères quotidiennes mais je vous crois sur parole. Donc peut-être à égalité avec la Serbie.
C’est vrai, j’ai toujours rencontré au moins serbe qui m’a aidée dans mes galères et oui il faut de bonnes chaussures et être bon marcheur, lol.
Charmant… Moi entre la Lettonie, la campagne Polonaise ou les villes communistes délabrées, mes pires expériences ont bien été en France.
Comme ce jour où après avoir percuté un objet sur les rail, la SNCF nous a totalement abandonné à la nuit tombée pendant 2h dans une gare absolument vide d’une ville tout aussi déserte, venteuse et pluvieuse, sans aucune information, avec pour tout abri, quelques murs bétonnés aux fenêtres absentes près des rails.
Le temps que le prochain train passe, avec aussi du retard, et nous permette enfin de monter, pour que le contrôleur pressurise les passagers avec condescendance et appelle les forces de l’ordre pour ceux qui n’avaient pas leur billet…
En effet, la SNCF c’est un tout autre niveau de « galères » et de « service client ». Elle doit détenir le record mondial (bonjour la réputation envers les touristes étrangers !).
Peut-on visiter l’essentiel de BELGRADE en 3 jours sans avoir besoin d’une voiture ?
En effet, je vais partir le 9 novembre 2019 pour 3 jours et mon hôtel est en plein centre, donc bien situé. Cet hôtel me demande 10 euros de frais de parking par jour et je m’interroge sur la nécessité d’avoir un véhicule de location
Bonjour, désolé pour ma réponse tardive, vous êtes déjà parti à Belgrade. Il n’est pas du tout nécessaire d’avoir un véhicule pour visiter l’essentiel de Belgrade. J’ai tout fait à pied et si c’est trop loin, il y a un bon réseau de bus dans la ville ainsi qu’une gare de trains et une gare routière internationale.
Un véhicule serait seulement nécessaire si l’on veut aller à la campagne, visiter des sites isolés dans d’autres régions du pays.