Un crash d’avion en Islande, voilà une attraction touristique bien étrange voire qui peut paraître morbide pour certains. Je suis sûre que vous savez de quoi je parle. Secret hyper bien gardé pendant des années, sa côte de popularité explose depuis deux ans grâce aux blogs et aux réseaux sociaux. Pourtant, la carcasse est là depuis 1973, mais peu de gens le savaient ou alors ils ne pouvaient pas la localiser précisément.
Ce lieu me fascinait, il fallait que je m’y rende le jour où je mettrai les pieds en Islande. Il faut savoir que j’étais une fan de la première heure de la série « Lost – Les disparus », et puis il faut avouer que c’est impressionnant à voir, une carcasse d’avion écrasé, abandonné sur une plage désertique de sable noir. Quelle ambiance dramatique ! Il faut le voir de ses propres yeux.
J’avais donc fait toutes les recherches possibles pour trouver cet avion. Il faut savoir qu’il n’est affiché nulle part, ni sur les cartes satellites ou papier, ni mentionné dans les guides, encore moins signalisé par les panneaux de la route. C’est l’attraction touristique pour les intimes seulement, les connaisseurs et les très motivés.
Avant, on pouvait se rendre sur le site en voiture. Il fallait emprunter un chemin de sable. Mais à cause du nombre croissant de personnes et de l’irrespect de certains, le chemin a été interdit aux véhicules, courant 2016. Ça détériorait trop le site. On ne peut donc y accéder qu’à pieds désormais. C’est plus facile de trouver le départ du sentier car vous verrez de nombreuses voitures garées sur le bord de la route.
Avant de commencer : Information importante
J’avais lu sur de nombreux sites internet que la marche jusqu’à l’avion faisait dans les 2 km ou 2,5 km grand max. Alors je vous l’annonce tout de suite, ne vous fiez pas à ces distances. On a calculé avec Strava, ça fait exactement 4,1 km l’aller seulement (environ 45 min). Soit une randonnée de 8,2 km aller-retour. Voici la trace GPS. C’est important de connaître la vraie distance car le temps peut radicalement changer en quelques secondes, il n’y a aucun moyen de s’abriter nulle part à des kilomètres à la ronde. Il faut prévoir les vêtements adéquats, de l’eau et des snacks. C’est une véritable randonnée sur laquelle vous vous engagez, même si le dénivelé est pratiquement de 0 mètre. Voilà pour le point sécurité-vérité.
Nous nous garons donc sur le nouveau parking improvisé au bord de la route. Il y a déjà au moins 30 voitures de garées. On se dit que ça va être blindé de monde, mais en fait, vu l’énorme distance qui sépare le parking de l’avion, vous verrez que vous serez pratiquement seuls sur place. Eh oui, tout le monde ne marche pas au même rythme, certains sont déjà sur le chemin du retour, d’autres sont déjà bien avancés dans la randonnée, ce qui fait que quand vous arriverez à l’avion, ils en auront déjà bien profité et partiront peu de temps après votre arrivée. En tout cas, c’est ce qui nous est arrivé. Nous avons eu l’avion pour nous tous seuls pendant au moins 10 min, puis un couple est arrivé. Un autre couple est arrivé 15 min plus tard. Nous sommes repartis à ce moment-là. Je trouve ça bien, car du coup tout le monde peut en profiter. Et je précise que nous n’y étions ni tôt le matin, ni en soirée. Au contraire, c’était en pleine journée, après la cascade Seljalandsfoss et avant la cascade Skógafoss.
Parlons de cette randonnée. Déjà, impossible de se perdre, le chemin de sable noir est large et c’est toujours tout droit. La marche est interminable. Nous qui pensions devoir marcher 2 km, on s’attendait à apercevoir l’avion tous les 200 mètres, mais il n’est jamais apparu. Enfin si, mais au bout de trois quart d’heure.
Ce qui est assez frustrant, c’est qu’on aperçoit l’avion vraiment qu’au dernier moment. Et vu que c’est extra plat, qu’il n’y a rien autour, vous ne pouvez même pas vous dire « Bon au moins je peux admirer un beau paysage en attendant ». En plus, il pleuvait sans interruption ce jour-là. La pluie était fine, donc sur le coup ça ne mouille pas beaucoup. Mais si vous restez exposé sous cette pluie pendant 9 km, et bien au final vous êtes tout mouillé.
Ceci dit, la récompense est là lorsque l’on aperçoit enfin la carcasse de l’avion, qui gît là au milieu de ce désert noir. Déjà du sable noir, ce n’est pas commun. C’est hostile, menaçant, grandiose. Ajoutez à ça un crash d’avion et vous avez un décor digne d’un film de fin du monde (genre « 2012 »).
Le fuselage est criblé de balles. L’avion n’a plus d’ailes ni de queue. A l’intérieur de la carlingue, il n’y a plus rien. Le cockpit est éclaté et on peut encore voir des centaines de câbles arrachés. En arrière-plan, l’océan glacial, quelques centaines de mètres plus loin. Un vrai décor de film post-apocalyptique je vous dis.
Pour la petite histoire, il s’agit d’un avion de l’US Navy qui avait décollé de la base locale de Keflavík. En 1973, nous sommes en pleine guerre froide mais ce crash n’est pas le résultat d’une attaque des communistes. Ils sont simplement tombés en panne de carburant (ou le carburant a gelé) et ont fait un atterrissage d’urgence sur cette immense plage désertique. Aucun décès n’est à déplorer. Ce qui est étonnant, c’est que la carcasse n’a jamais été enlevée, pour le plus grand plaisir aujourd’hui des touristes motivés en quête d’aventures.
Pour conclure, je suis bien contente d’avoir pu voir de mes propres yeux cet avion. Malgré la pluie persistante et malgré la randonnée qui s’est avérée plus longue que prévue, notre curiosité nous a poussé à aller jusqu’au bout. Après, ce n’est pas une étape nécessaire lors d’un voyage en Islande. La randonnée peut être frustrante si vous n’êtes pas de grands marcheurs et vous risquez d’être déçus. A faire donc pour les gens curieux et très motivés.
Et vous, auriez-vous fait plus de 8 km de marche pour voir une carcasse d’avion ? Est-ce que ce lieu vous fascine autant qu’il me fascine ?
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20 Comments
Bonjour Estelle,
A quelle période êtes-vous allés en Islande? Vous avez eu de la chance de n’avoir personne! Lors de notre venue en Juillet dernier, nous étions bien 20 personnes amassées près de l’avion pourtant nous sommes venus en fin de soirée.
Sinon, j’ai récemment récupéré une info à propos de l’accès fermé. Il semblerait que la vraie raison soit à cause de l’augmentation du nombre d’accidents autour de l’épave (noyades sur la plage au bout et personnes égarées). Le groupe de secours de Vik aurait donc tenté par tous les moyens d’empêcher l’accès au site, mais en vain! Au final je trouve que c’est même plus dangereux maintenant!
On y était au mois d’août en pleine journée, vers midi-13h je crois. On a peut-être eu de la chance alors d’avoir l’avion presque pour nous seuls. Pourtant c’était pas gagné quand j’ai vu toutes les voitures garées sur le bord de la route. Mais plus on marchait, moins on croisait de gens. Je pense vraiment que sur les 8km de distance, les gens sont tout éparpillés. Quand on est passé à 6 personnes autour de l’avion, c’est là que nous avons décidé de partir.
Oui en effet j’avais lu quelques accidents dans la zone ou des gens qui se seraient perdus (c’est toujours tout droit les gars!).
Ton article me rappelle plein de souvenirs 🙂 Cette longue marche sous la pluie, aie, ça a du être morose ! De notre côté nous avons été découragés par le nombre de voitures garées, puis nous y sommes revenus le lendemain à 5-6h du matin et il n’y avait personne. Le lieu semblait encore plus irréel 😉
On l’a faite au milieu de la nuit (en été ok, mais quand même) sous une petite pluie, ça nous a paru interminaaaaable ^^ et sur place, on a même pas pu faire les photos qu’on voulait, car il y avait un shooting de mode japonais !
Le truc improbable, vous deviez être dégoutés car je suis d’accord avec toi la marche est interminaaaable. C’est pas comme si tu allais y repasser plus tard.
Ahhhh… Je suis passé à côté durant mon road trip en Islande: https://victorbaudot.com/partir-seul-islande-experience-inoubliable-4/ sans même le savoir!
Merci beaucoup pour ces photos!
Comme quoi c’est important de faire un peu des recherches avant de partir. Dommage, une occasion de retourner en Islande peut-être 😉 Mais dans tous les cas ce n’est pas grave, ton roadtrip en Islande devait être mémorable, même sans l’avion.
Bon, certes, ça doit être un peu spécial comme ambiance, surtout si la météo rajoute le côté « grisâtre ».
Mais déjà, le fait de savoir qu’il n’y a eu aucun décès dans ce crash, ça permet de pouvoir « savourer le moment » sans aucune mauvaise conscience.
Cette longue route noire doit rajouter encore à l’ambiance.
Je crois que je ferais l’effort, car c’est pas commun quand même…..
Je n’y suis pas encore allé, mais tu partages toutes les informations utiles pour s’y rendre.
Merci pour ton article.
Merci, bonne future visite.
Enorme !! je suis passé a coté sans le savoir.
Je vais devoir y retourner 🙂
Eh oui, il est bien caché cet avion. Il est tellement loin de la route. Faut le savoir.
Fait aujourd’hui dans des conditions du grand nord, pluie à l’horizontale, vent et brouillard…
Et Bien rien à regretter, Ç est top et Ca change des éternelles cascades.
Pour moi, ma montre gearS3 m’a dit 3.74km
Qui dit vrai ?!
Un plaisir que d avoir lu votre article
Chris
Oh la la comme la marche devait paraître longue dans ces conditions météo. Mais tant mieux si tu en as bien profité.
Moi qui était fière d’avoir « découvert » une épave de bateau sur une île en Irlande…Euh à coté de toi je suis une petite joueuse.
C’est vrai que l’environnement et ce sable noir ajoute à ta découverte un coté surréaliste. Sachant qu’il n’y a pas eu de victime on se sent je pense à l’aise en explorant cette carcasse.
Merci beaucoup pour ce superbe reportage. Tes photos sont très belles.
Cette épave là n’a plus rien d’un secret en Islande. La tienne en Irlande est peut-être un peu plus confidentielle, ce qui rend la découverte encore plus intense, je comprends que tu sois fière de ta découverte. On trouve aussi quelques épaves de bateaux en Islande ou d’autres avions abandonnés.
Ça doit être impressionnant de le voir en vrai, notamment dans ce décor apocalyptique, j’y penserai quand j’irai en Islande. Je trouvais ça morbide au début de l’article, puis à la fin quand vous dites qu’il n’y a eu aucune perte de vie suite à ce crash, ça m’a rassurée. Je ne l’aurais pas faite sinon la randonnée, je me surprends à être superstitieuse, j’aurai trop peur qu’un crash m’arrive à moi-même pour avoir visité une épave 😀 Je vais loin je sais… Merci pour l’article!
T’inquiète je suis un peu pareil. Surtout je ne veux pas être ce touriste pervers voyeur. Je tiens à respecter ce que le lieu représente pour les locaux. Donc je ne l’aurais pas fait si ça c’était terminé en drame. Heureusement ici, c’est anecdotique et le propriétaire du terrain ne voulant pas payer pour déblayer la carcasse l’a laissée ici, pour le plus grand plaisir des touristes aventuriers.
Ce n’est absolument pas le genre de visite que je ferais et pourtant, d’une certaine façon je l’ai fait.
Pendant mon séjour au Togo, nous avions sympathisé avec un gars du coin qui un jour nous a emmené voir un truc du coin (on ne savait pas trop) : la carcasse de l’avion dont Feu Président a été le seul à survivre.
Enfin c’est ainsi qu’on présente le truc (en réalité il y a eu d’autres survivants mais je l’ai su longtemps plus tard). C’est la jungle, on ne voit rien et brusquement plein de soldat, une ambiance digne d’un mausolée et là l’avion.
à choisir je préfère la rando au milieu du désert de sable noir !
Ah oui, l’avion au milieu du désert ça fait presque moins glauque que les soldats autour du mausolée.
Moi non plus ce n’est pas le genre de visite que je fais. Par exemple, je ne visite pas de cimetières pendant mes voyages, c’est un choix, même si certains sont magnifiques ou ont un intérêt historique. Par contre je visite des camps de concentration, car je suis passionnée de la seconde guerre mondiale et pour le devoir de mémoire. Alors c’est glauque dans un genre différent. Ceci dit, pour l’avion dans le désert noir, aucun souci de ce genre. C’est une anecdote de la guerre froide, sans blessés.