Lorsque je préparais mon voyage au Japon, Hiroshima était l’étape qui m’enthousiasmait le plus, j’avais beaucoup d’attentes pour cette ville, notamment pour le côté historique.
Malheureusement, lorsque nous sommes arrivés dans la ville d’Hiroshima, tout était fermé, on n’a rien pu visiter. Petite mise en contexte : nous étions au Japon en Mars 2020. Ça faisait 10 jours qu’on était au Japon et tout se passait pour le mieux. Aucun grain de sable n’est venu enrayer notre voyage dans les provinces précédentes (Kumamoto, Nagasaki, Fukuoka)…jusqu’à maintenant.
Hiroshima : Une succession d’échecs
Nous sommes arrivés à Hiroshima la veille, en Shinkansen depuis la Province de Yamaguchi. On a pris nos quartiers dans notre Air BnB sur le Boulevard de la Paix, en plein centre-ville. Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, on charge nos sacs à dos pour une journée découverte d’Hiroshima remplie de visites culturelles.
On se rend d’abord aux jardins Shukkei-en. Première déconvenue : un panneau à l’entrée des jardins nous informe que le site est fermé à cause de…vous savez quoi. Un jardin japonais, un site en plein air fermé à cause du Covid. On peut tous aller se serrer les uns contre les autres dans des espaces confinés comme le métro ou dans un centre commercial bondé, mais on ne peut pas marcher dehors, dans des espaces verts gigantesques qui garantissent des distances de sécurité. Ça n’a aucun sens !! Vous la sentez la frustration ?
Nous nous rendons ensuite avec beaucoup d’entrain au château d’Hiroshima. On va enfin pouvoir visiter l’intérieur d’un château japonais. Rappelez-vous, on n’a pas pu visiter celui de Kumamoto qui est toujours en travaux suite au tremblement de terre de 2016. A Hiroshima, on va vite être stoppé dans notre engouement. On voit un petit panneau fixé devant le portail du château. On sent venir le truc à 10km. On a rapidement appris à déchiffrer le mot CO-RO-NA en kanji (コロナ). Dans le mille, le château d’Hiroshima est fermé pour cause de…vous savez quoi…à cause de…vous savez qui (toute référence à Harry Potter est fortuite).
On se dit qu’on va se replier sur le musée voisin, le Hiroshima Museum of Art. Que nenni, fermé pour les mêmes raisons. Décidément quand ça veut pas, ça veut pas.
Direction ensuite le Musée Mémorial de la Paix. Vous qui me lisez, vous vous dîtes « ben ça va être fermé aussi ». Mais nous qui étions sur place, on avait encore espoir. Car voyez-vous ce musée était déjà fermé en 2019 pour travaux de rénovation depuis plus d’un an. Les travaux avaient pris du retard. On s’était bien renseigné en amont, on avait vérifié toutes les informations et on avait calculé d’être à Hiroshima pour la ré-ouverture du musée. Quand j’ai vu ce énième panneau de « Musée fermé », qui fut un énième échec de la journée, c’était la goutte d’eau pour moi.
La visite de ce musée, mémorial de la bombe atomique, me tenait vraiment à cœur et je ne le verrai jamais. Heureusement qu’on a réussi à visiter le Musée de la Bombe Atomique à Nagasaki, sinon nous aurions complètement raté notre parcours de mémoire au Japon.
Cette journée est une succession d’échecs.
On était tellement sûr d’aimer d’Hiroshima et sachant que normalement il y a plein de choses à voir, on avait réservé notre logement pour quatre nuits. Rien que ça ! Quatre jours complets pour découvrir Hiroshima. On est le premier jour et on a déjà fait tout le tour de la ville en…45 min. C’est vraiment problématique. On est coincé dans cette ville où tout est fermé et il n’y a rien à faire. On ne reste que 18 jours au Japon. On perd du temps et de l’argent en restant coincé ici.
Que faire à Hiroshima quand tout est fermé ?
Vu que la visite complète de la ville a été pliée en 45 min chrono, qu’avons-nous fait finalement à Hiroshima ? Comment avons-nous sauvé les meubles ? Voici le programme. Je vous raconte comment nous avons occupé le reste de notre journée.
Orizuru Tower
C’était littéralement le seul site, la seule attraction touristique ouverte dans toute la ville d’Hiroshima. Donc quel que soit le prix, on l’aurait fait. En 2020 c’était ¥1200 (je suis choquée, c’est ¥2200 en 2024).
On a fait ce qu’on a pu avec ce qu’on avait à notre disposition. On était juste super contents de pouvoir faire au moins UNE visite à Hiroshima. Et au final, on a beaucoup apprécié ce moment. Car au-delà d’un gratte-ciel, la visite est variée avec plusieurs activités ludiques à faire au fil du parcours de visite.
La terrasse panoramique
On commence par prendre un ascenseur qui nous monte jusqu’au 13ème étage. Et on arrive sur la terrasse panoramique qui nous donne une vue à 360° sur la ville d’Hiroshima. On voit une ville moderne avec des gratte-ciels, des sites en construction, des bâtiments historiques.
On remarque tout de suite qu’Hiroshima est aussi une ville verte. Il y a beaucoup de verdure, des parcs arborés, elle est traversée par deux rivières. On a un super point de vue sur le Dôme de Genbaku.
J’ai aussi beaucoup aimé la vue au-delà de la ville. On voit facilement les montagnes en arrière-plan. C’est très nature. On se dit que les habitants n’ont pas à partir très loin pour se retrouver au calme et au vert.
Nous y étions au printemps, la terrasse avait un toit végétalisé tout fleuri et coloré. C’est moderne et original. J’imagine que la déco change au fil des saisons. J’ai vu une photo en automne et c’était aussi super beau.
Origami & autre
On descend ensuite au 12ème étage où l’on peut faire plusieurs activités. D’abord on suit un tuto vidéo pour réaliser nous-mêmes notre propre grue en Origami. Regardez, elles sont pas mal ?!
Au centre du plateau, des écrans géants interactifs. Sur l’un on peut plier une grue en Origami en suivant une chorégraphie spécifique. C’est une sorte de réalité augmentée. Chaque mouvement de notre corps réalise un pli en Origami sur l’écran géant. Les autres écrans géants proposent d’autres activités interactives. C’était ludique, moderne. On a apprécié le divertissement.
Pour descendre les douze étages de l’Orizuru Tower, j’ai décidé de le faire en toboggan (ce n’est pas obligatoire, c’est juste une autre activité ludique proposée). On nous donne un casque et un petit tapis et on descend les douze étages en tourbillon. Trop drôle.
Nous sommes retournés à l’Orizuru Tower le soir pour voir le coucher de soleil sur la ville d’Hiroshima. Je vous parlais d’une journée de merde et d’une succession d’échecs. Ça continue. Au moment du coucher de soleil, il pleut, le ciel est couvert. Nous ne verrons pas le soleil se coucher sur les monuments d’Hiroshima. On attend tout de même la tombée de la nuit pour voir les gratte-ciels de la ville illuminés.
Dôme de Genbaku
C’est LE vestige témoin du désastre de la bombe atomique qui a touché la ville d’Hiroshima le 6 août 1945 à 8h15. Classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, il tient encore debout. Il est là pour notre devoir de mémoire.
Franchement, ça fait quelque chose de voir ce bâtiment éventré, brûlé, limite en noir & blanc sur cette presqu’île toute verdoyante. C’est incroyable que la structure métallique de la coupole tienne encore et qu’elle n’ait pas été soufflée pendant l’impact. J’ai lu qu’il y a eu plusieurs travaux de renforcement de la structure pour préserver le bâtiment tel qu’il était juste après la bombe.
Aujourd’hui, les chats errants ont élu domicile dans l’enceinte grillagée du Dôme de Genbaku. Ils sont bien là, en sécurité. Un symbole que la vie a repris mais qu’on n’oublie pas.
Parc du Mémorial de la Paix
La suite logique du Dôme de Genbaku c’est de continuer à vous promener dans le parc attenant du Mémorial de la Paix, qui vous mènera jusqu’au Musée Mémorial de la Paix.
Vous trouverez disséminés dans ce parc des statues, des sculptures, des monuments à la mémoire des victimes de la bombe atomique. Le plus connu étant le Monument de la Paix des Enfants, très pimpant avec ses milliers de grues en Origami multicolores. Mais il y en a d’autres à découvrir lors de votre promenade dans ce parc.
Je remarque que je n’ai pris aucune photo des monuments de ce parc. Ça arrive quand je suis frustrée ou déçue, ce qui était le cas lors de cette journée de l’échec à Hiroshima.
L’enceinte du château d’Hiroshima
A défaut de pouvoir visiter le château d’Hiroshima qui lui est fermé pour Covid, vous pourrez toujours déambuler dans l’enceinte Ninomaru qui encercle le château. C’est une sorte de parc accessible à tous et c’est très joli.
Le château est construit autour de douves. C’est toujours beau d’avoir de l’eau au pied de bâtiments historiques. L’occasion d’avoir plusieurs jolis points de vue sur le château d’Hiroshima, que je trouve magnifique.
Son architecture, sa symétrie est parfaite. J’adore les matériaux utilisés.
Au cœur de l’enceinte Ninomaru, nous avons également pu visiter le Sanctuaire Hiroshima Gokoku-jinja. Un sanctuaire visiblement dédié à la carpe. Ce qui a du sens étant donné qu’on surnomme le château d’Hiroshima, le Château de la Carpe. On a d’ailleurs vu des étangs remplis de koï (des carpes) dans le parc du château.
Bref, si vous aussi vous vous retrouvez devant porte close en voulant visiter le musée et le château d’Hiroshima, l’enceinte autour du château reste une petite consolation, car c’est un très joli parc.
Flâner dans un centre commercial
Il est encore tôt dans la journée et vous cherchez à tuer le temps à Hiroshima ? Allez donc faire un tour dans un centre commercial. Vous aurez un large choix pour vous sustenter mais en plus vous trouverez des boutiques typiques japonaises qu’on ne trouve pas chez nous : boutiques Ghibli, magasins de cartes Pokémon, Magic…, salles d’arcade avec des jeux tous plus délurés les uns que les autres.
Vous pouvez aussi déambuler dans les rues piétonnes dont les fameuses rues couvertes comme Hondori.
Un bilan amer
En conclusion, je n’ai rien vu d’Hiroshima mais étonnamment j’ai beaucoup de choses à en dire. Nous en sommes à plus de 1800 mots déjà seulement pour cet article.
Pour résumer cette journée, si je ressors mon Carnet de Voyages à la date du 15 mars 2020 et que je m’auto-cite, j’ai écrit :
« Beaucoup de frustrations dans cette journée, dans une ville tant attendue. Très déçue de tout ce que j’ai raté. »
Voilà ce que j’ai vraiment pensé d’Hiroshima. Comme vous l’avez vu, ce n’est pas que je n’ai pas aimé Hiroshima, ce n’est pas qu’elle m’a déçue. C’est juste une rencontre manquée entre elle et moi. On ne m’a pas laissée la découvrir. J’ai visité Hiroshima, physiquement c’est vrai, mais sans vraiment l’avoir visitée.
Que faire dans les alentours d’Hiroshima ?
Si comme nous, vous restez quatre jours à Hiroshima et que vous avez encore du temps, voici des excursions à la journée que vous pouvez faire. Les articles détaillés arriveront plus tard sur le blog.
- L’île de Miyajima avec son torii les pieds dans l’eau
- La Province voisine de Yamaguchi
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4 Comments
Du Japon aux Açores, de la France à l’ autre bout du monde, j’ adore votre blog, très humain, comme cet échec a Hiroshima qui se transforme en billet de blog lumineux. Merci.
Merci beaucoup, c’est très gentil. Et puis c’est important de parler aussi des échecs en voyage. Tout n’est pas toujours tout rose.
C’est une situation très dure à vivre, d’autant plus quand on part loin, on investi de l’argent, on prend du temps à préparer le voyage … Je pense que j’aurais aussi été extrêmement frustrée comme toi, je te comprends. J’imagine qu’avec un peu de recul, tu as pu au moins de te dire que tu as vu d’autres choses que tu n’aurais pas vu si tu avais pu dérouler ton programme ?! ^^
Oui c’était très dur à vivre et à accepter. Imagine toi pour certaines personnes (ce n’est pas le cas pour moi), le Japon c’est le rêve de toute une vie alors enfin y arriver et enchaîner déconvenue sur déconvenue, c’est dur à faire avaler. Heureusement après Hiroshima on a quand même pu visiter normalement Kyoto donc le voyage au Japon n’est pas entièrement un échec. C’était une étape ratée, c’est tout. Ca arrive à tout le monde même hors Covid.