Je continue mon récit des Açores. Nous sommes toujours sur l’île de Pico. Après l’avoir découverte par la mer (baleines et dauphins) puis par la terre en mode œnotourisme, on continue l’exploration de Pico sur le thème des volcans car Pico est une île volcanique. Elle détient le point culminant du Portugal grâce à son Mont Pico, à 2351m d’altitude, qui est en fait un stratovolcan aujourd’hui endormi. Sa dernière éruption date de 1720.
Qu’y a-t-il à faire sur une île volcanique de ce type ? Voici le récit de notre séjour d’une semaine sur Pico. A l’échelle des Açores, Pico est considérée comme une grande île, donc une semaine ne sera pas de trop pour la visiter de manière exhaustive, même s’il est tout à fait possible de ne visiter que les incontournables en 3 jours.
Les tunnels de lave
C’est une expérience que nous avions déjà faite en Islande : marcher dans un tunnel de lave. Sur Pico, nous l’avons fait en visite guidée dans un tunnel aménagé pour les touristes, la Gruta das Torres et en version indépendante dans un tunnel situé sur un terrain privé, la Furna de Frei Matias.
On chausse les chaussures de rando, on prend la lampe frontale (le casque aussi en visite guidée) et c’est parti pour l’exploration du tunnel de lave. La visite guidée est très intéressante car on apprend beaucoup de choses scientifiques et géologiques sur les coulées de lave, les formes qu’elles peuvent prendre, leur datation, etc… La guide parlait en portugais puis nous faisait la traduction en anglais uniquement pour nous, étant les seuls étrangers de la visite.
Par contre, notez bien que la réservation est obligatoire pour la visite de Gruta das Torres, au moins une semaine avant. Les visites se remplissent très vite et si vous vous pointez sur place sans rendez-vous, vous repartirez bredouilles. Consultez les horaires de visite sur ce site puis envoyez votre demande de réservation par email à pnpico.grutadastorres[@]azores.gov.pt. C’est pas du tout moderne comme méthode mais c’est comme ça que ça fonctionne. J’avais reçu la confirmation de la réservation à mon créneau souhaité quelques heures après.
On a tout autant apprécié la visite sans guide de la Furna de Frei Matias car elle a satisfait notre goût de l’aventure. Nous savons que nous entrons à nos risques et périls. Nous savons aussi que peu de gens viennent la visiter, on a donc l’impression de sortir un peu des sentiers battus et de vivre une expérience de voyage qui sort un peu du commun. Enfin, notre envie d’adrénaline est également satisfaite car la visite se faisant totalement dans le noir, on se fait peur soi-même en entendant des bruits inconnus, à s’imaginer des Gollums cannibales comme dans le film The Descent.
Ici, la nature a repris ses droits. Une forêt tropicale a poussé dans le tunnel de lave. On se croirait presque sur l’île de Jurassic Park. C’est magnifique de voir ce vert presque fluo contraster avec le noir de la lave. Cette micro-aventure lors de notre 1er jour sur l’île de Pico est déjà très prometteuse.
Randonnée volcanique à la pointe de l’île
En voyage, j’aime visiter les extrêmes (extrême sud, point le plus à l’Ouest, bout de péninsule…). Bien que la carte de l’île ne montrait pas forcément de point d’intérêt à son extrémité Est, j’ai voulu aller voir ce qu’on pouvait y trouver au point le plus à l’Est de l’île de Pico. Il se trouve que nous y avons fait une de nos meilleures randonnées à marcher sur de la lave solidifiée en bord de mer. Le contraste noir profond sur fond bleu océan avec des pointes de rougeâtre. Voilà le type de paysages que nous avons pu voir en nous rendant jusqu’au phare de Ponta da Ilha.
Il s’agit du sentier officiel PR3PIC qui s’étend sur 10km. Il n’y a qu’à suivre le balisage jaune et rouge sur la lave au sol (parfois on le cherche un peu) et suivre le relief de la côte. Les paysages sont superbes.
Le Mont Pico
Le Mont Pico est l’objectif phare de presque tous les touristes qui se rendent sur cette île. C’est le challenge préféré des randonneurs comme nous, un moment que nous attendions avec impatience. Cette randonnée étant fortement dépendante des conditions météo, nous avons mis toutes les chances de notre côté en restant sur l’île une semaine. De ce fait s’il ne faisait pas beau les premiers jours, nous pourrions attendre quelques jours pour retenter notre chance.
Pourquoi vous ne pourrez jamais gravir le Mont Pico ?
Ça m’a agacé, nous n’avons pas pu faire LA randonnée mythique de l’île à cause d’une politique débile. Je m’étais bien renseignée avant de venir et je savais qu’il fallait se présenter à la Casa da Montanha dès 7h du matin (pour une ouverture à 8h), que l’on ne peut pas gravir le volcan comme l’on veut. Qu’il faut payer (15€) et s’enregistrer auprès de la casa, que le port d’une balise GPS est obligatoire. Tout ça, je le savais. Ce que je ne savais pas, c’est que seuls une quarantaine de personnes peuvent gravir le Mont Pico chaque jour car la Casa da Montanha ne possède que 45 GPS (je les ai compté derrière le comptoir d’accueil) et qu’il faut les recharger entre chaque randonneur. Ce système oblige les randonneurs indépendants à prendre un tour groupé avec guide de montagne (ceux-là sont dispensés de la balise GPS). Coût de ce tour groupé : entre 70 et 150€/personne. Ça fait cher la randonnée de 5h et l’accès à la nature. Je ne cautionne pas du tout ce genre de pratiques. Là où c’est complètement hypocrite, c’est qu’ils se cachent derrière ce système en disant que c’est « pour notre sécurité » mais à côté de ça ils laissent des gens faire l’ascension en sandales ou chaussures de toile et en short de bain sous prétexte qu’ils sont accompagnés d’un guide. En revanche, les randonneurs chevronnés, parfaitement bien équipés et habitués aux randonnées à fort dénivelé, on leur interdit l’accès au Mont Pico. Tu veux gravir le volcan, tu payes 150€ et tu te trimballes des boulets en sandales dans ton groupe. C’est comme ça et pas autrement.
Voilà pourquoi nous n’avons jamais pu faire cette randonnée tant attendue malgré notre long séjour sur l’île. Nous nous sommes contentés d’observer le volcan depuis en bas. Ça restera mon plus grand regret de notre voyage aux Açores, ça et l’appareil photo qui tombe en panne au bout de deux jours. Fort heureusement, comme vous pouvez le lire dans mes divers articles sur Pico, l’île est grande et il y a plein d’autres choses à faire. C’est la petite consolation pour ne pas avoir pu gravir le Pico.
Les arches volcaniques de Cachorro
Cachorro est une jolie petite escale à faire au nord de l’île. C’est un port formé exclusivement de lave séchée. Alors pas un port où les bateaux viennent s’amarrer, ce serait vraiment trop chaotique. C’est un site naturel formé par des coulées de lave solidifiées qui prennent des formes plutôt insolites. Tantôt en forme d’arche, tantôt en forme de grotte ou de pont / passerelle (avec le vent des Açores, je ne m’aventurerais pas sur ce pont sans rambardes). Bref, un très joli site où, encore une fois, la lave noire contraste avec le bleu océan. Avec un vent fort, l’océan déchaîné vient s’engouffrer dans les cavités de lave et forment de violentes vagues qui s’écrasent sur la lave.
Le village de Cachorro où se situe ce site est très particulier puisque les maisons sont aussi faites en pierres de lave intégrées dans les murs blanchis à la chaux. La route du village et les murets sont eux-mêmes d’un noir profond. C’est un hameau très joli, très typique.
Voilà tout ce que je peux vous dire sur la Pico volcanique. Restez connectés car je n’ai pas fini de vous parler de Pico. Eh oui ! Flores a été le coup de cœur absolu et irrévocable de notre voyage aux Açores. On aime son côté sauvage, isolé et loin, très loin du tourisme de masse. Pico est bien plus touristique que Flores mais elle est aussi très différente et très variée. Elle arrive en deuxième place de nos coups de cœur açoréens. La prochaine fois, je vous parlerai de mes ultimes coups de cœur sur Pico et je partagerai avec vous les infos pratiques de notre séjour.
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10 Comments
Les couleurs de ces paysages volcaniques sont splendides
Merci pour ces infos, je commence à me renseigner sur cette destination!
j’avais une image assez lacunaire de ces îles, très intéressant!
j’ai discuté avec des touristes français qui ont eu l’occasion de monter sur le sommet de Pico il y a quelques années, et ils m’ont dit que la randonnée était costaud à la fin, ça se termine quasiment en escalade. Donc pour te réconforter, dis toi que ceux qui ont commencé la rando en sandale ne l’ont jamais fini ^^
Oh c’est trop abusé cette histoire du Mont Pico ! En plus le prix c’est vraiment du raquet, et comme tu dis beaucoup d’hypocrisie pour la soi disant sécurité du randonneur. Par contre la randonnée dans le tunnel de lave ça avait l’air assez fou !!
Merci pour ces magnifiques souvenirs… j’avais adoré mon séjour à Pico en 2016. J’ai fait la rando en question (avec un guide chéros mais sympa, effectivement), c’était très beau, la vue au sommet assez magique. Je suis désolée que vous n’ayez pas pu !!
Merci pour le partage 🙂 Cette histoire du mont Pico, ça m’a laissée sur les fesses ! J’avais réservé cet été pour les Açores, en partie pour gravir le mont Pico 🙁 Et je comprends complètement ton point de vue là-dessus…
Whouuah la Furna de Frei Matias est superbe. C’est vraiment très beau. Faut pas être claustrophobe en tout cas.
C’est triste pour l’ascension du mont Pico. Te connaissant tu as vraiment dut être dégoutée :/. Que veux tu le mot sécurité n’est pas le même dans la bouche de tout le monde.
C’est tellement triste pour le mont Pico !
Par contre, tout l’article est fabuleux, et ces photos ! Magnifique !
La politique mise en place sur le mont Pico atteint des sommets d’absurdité… Au nom de la préservation on a mit en place une espèce de privatisation qui force le traçage, les queues, l’attente sous le sommet car seulement un certain nombre a le droit de s’y trouver, et une fois au sommet top chrono on mesure combien de temps vous y restez…
C’est pour moi aussi un point noir de l’Ile, et le gouvernement local devrait revoir sa politique qui revient à punir même les randonneurs chevronnés et respectueux, et transformer un monument sauvage en hybride d’attraction foraine et de calvaire administratif… L’exact opposé de la nature