L’année dernière, j’ai fait mon voyage solo en Serbie. Après avoir découvert la Macédoine l’année précédente, je décidai de continuer mon exploration des Balkans avec un pays limitrophe, la Serbie. J’avais été très dépaysée par la Macédoine. Les cultures, car oui il y en a plusieurs qui cohabitent, sont très marquées et éloignées de ce que l’on connait en Europe occidentale ou centrale. Par exemple, la Slovénie et la Croatie qui sont en Europe centrale, ont une culture beaucoup plus proche de la nôtre. Mais sans aucun doute, la Macédoine fait partie du cœur des Balkans et ses habitants font vivre cette culture balkanique, presque orientale. Bref, le pays entier de la Macédoine m’avait dépaysé, même sa capitale, qui ne ressemble en rien à une capitale. Petite de taille, Skopje a un côté ultra moderne façon carton-pâte avec de faux anciens monuments flambants neufs. Et un côté hyper authentique, le vieux bazar, où se côtoient mosquées et églises et une flopée de petits restaurants typiques. Les habitants vivent clairement du côté de l’ancien bazar alors que dans la ville nouvelle, ce n’est que corruption et émeutes. Vous l’avez compris, Skopje est une capitale vraiment hors du commun. Mais ça ne m’a pas plus surpris que ça, puisque je suis au cœur des Balkans et je m’attendais justement à ce genre de chamboulement.
En allant en Serbie, je m’attendais en quelque sorte à trouver un prolongement de ce que j’avais vu en Macédoine. Après-tout, une partie de leur frontière se touche. Mais à l’évidence les Balkans sont multiples et chaque pays a sa propre culture, identité et surtout son propre niveau de développement. Je pense que c’est ce qui fait la richesse de cette région du monde, une richesse multiculturelle.
Bref, arrivée à Belgrade après un trajet plus que chaotique (lire mes galères de voyage), je me suis retrouvée plongée dans une métropole européenne hyper vivante et moderne. Rien à voir avec Skopje, mais vraiment rien à voir. Là, je suis bien en 2017, je vois les McDo, les H&M, les Dunkin Donuts et les Zara fleurir à chaque coin de rue. Le waterfront sur le Danube est en travaux mais des affiches nous montrent un futur Hong-Kong ou Dubaï très prometteur. J’ai l’impression d’être à Londres ou à Paris. C’est une fourmilière, il y a de l’action partout, de grands panneaux publicitaires, des klaxons, des feux tricolores (rigolez, mais en Macédoine la pub et les feux de la route, c’est pas très commun). Je me sens immédiatement à l’aise à Belgrade. Pas besoin de temps d’adaptation, de réfléchir sur où ou quoi manger. Ici, on peut manger toutes les cuisines du monde, à tous les prix et à n’importe quelle heure. On trouve des boutiques partout, des cafés, des librairies, des bureaux d’informations touristiques (truc inexistant en Macédoine).
Le centre-ville et la forteresse de Belgrade
Je me procure très rapidement un plan de la ville et je me dirige vers la forteresse Kalamegdan. Cela me permet de traverser la rue piétonne principale de la ville, la rue Knez Mihailova. Il y a plein d’animations de rue: des danseurs, des peintres caricaturistes, des stands de pop corn, des bouquinistes, des jongleurs… Cette ville vibre de vie et elle est tellement cosmopolite. Il y a des gens du monde entier ici. Franchement, je pourrais vivre à Belgrade, je sais que je ne manquerais de rien dans cette ville. Son dynamisme et son offre culturelle font que je m’y plais déjà et qu’on ne risque pas de s’y ennuyer. En Serbie, on utilise l’alphabet cyrillique, mais très souvent le latin est utilisé juste en-dessous (ce qui est rarement le cas en Macédoine). On peut donc se débrouiller sans trop de difficultés.
J’arrive dans le grand parc où se tient la forteresse Kalemegdan. Ce parc est très agréable, il est bourré de familles venues décompresser en cette chaude journée d’avril. Il n’y a pas assez de bancs, les gens sont assis sur l’herbe. Les enfants font du vélo, d’autres dégustent une glace ou jouent au ballon. Les jeunes couples s’embrassent sur le rempart qui donne vue sur le croisement du Danube et de la Save. Je comprends que ce parc est un vrai point de rencontre et un lieu de vie pour les locaux, comme notre parc de la Tête d’Or à Lyon. Au fond de ce parc, on peut accéder gratuitement à la forteresse qui comporte une sorte de musée militaire et un musée de la torture. Lors de mon passage, il y avait également une exposition de dinosaures animés.
L’architecture de Belgrade
Belgrade offre en plus à l’œil du visiteur une architecture intéressante. C’est en fait un mix de bâtiments communistes (immeubles HLM), orthodoxes (églises et cathédrales), quelques bâtiments byzantins avec des dômes, des façades rayées et des arches voûtées, un peu de classique, néoclassique et même art nouveau parfois en centre-ville.
Les bâtiments officiels du parlement et du gouvernement m’ont beaucoup fait penser aux monuments impériaux autrichiens (peut-être à cause des dômes turquoises), bien qu’ils se soient inspirés de la renaissance italienne. Bref, un beau mélange des genres, à l’image de cette capitale multiple et cosmopolite.
Le passé difficile de Belgrade
Mais tout n’est pas tout rose à Belgrade. La capitale a connu plusieurs bombardements dans son histoire, qui à chaque fois visaient les populations civiles. La blessure la plus récente qui n’est toujours pas oubliée de la population est le bombardement de 1999 dirigé par l’OTAN durant la guerre du Kosovo (488 à 527 victimes civiles dénombrées). Cette opération a été vivement critiquée (l’OTAN doit défendre et non attaquer), en plus d’avoir violé plusieurs conventions internationales (dont la Charte des Nations Unies et le Droit International Humanitaire).
Du coup, lorsque vous vous promenez dans Belgrade, vous pouvez encore voir les traces des anciens bombardements. Certains bâtiments n’ont jamais été reconstruits et sont restés tels quels, éventrés. C’est le cas du bâtiment du siège social de la télé et radio serbe. Sans vouloir parler de politique ici, on a beau penser que la Serbie a tort de refuser la libération et l’indépendance du Kosovo, il est inadmissible qu’une institution de défense aux populations (l’OTAN) bombarde des civils en toute illégalité, sous le prétexte d’utilisation de la propagande. Ca s’est passé il y a 19 ans. A l’échelle d’une vie humaine, c’était hier. Certains parents encore vivants aujourd’hui, ont perdu leurs enfants ce jour-là. Pour ne jamais oublier ce massacre, vous croiserez régulièrement dans les rues de Belgrade des affiches accusatrices, des hommes-sandwich qui dénoncent l’OTAN, Trump, les USA, Merkel, l’Union Européenne… disant que nous sommes tous coupables de ce massacre. En tant que citoyenne européenne, ça remet un peu les choses à leur place.
J’ai appris toutes ces choses lors du Free Walking Tour. J’en fais un à chaque fois que j’arrive dans une nouvelle ville. La guide était une jeune fille de mon âge et elle était donc enfant à l’époque des bombardements de Belgrade. Elle a connu son pays en état de guerre et elle a pu nous raconter le quotidien de ses parents et grands-parents.
Autres visites intéressantes à Belgrade
- la cathédrale Saint Sava. A voir de jour et de nuit. L’intérieur est toujours en construction mais ne manquez pas de descendre dans la crypte où tout est or et lumières.
- le musée Nikola Tesla: le célèbre inventeur du courant alternatif, du moteur électrique, de la radio et des engins télécommandés à distance.
- le quartier bohème Skadarlija: des cafés animés dans des ruelles pavées. Une ambiance village dans le centre-ville de Belgrade.
La scène nocturne n’est pas en reste à Belgrade. Personnellement ce n’est pas mon truc et encore moins quand je suis en solo. Mais Belgrade est bien réputée pour ses boîtes de nuit et soirées animées. Avis aux amateurs.
Pour toutes ces raisons, j’ai adoré mon séjour à Belgrade. Je m’y suis sentie bien et j’ai largement eu de quoi m’occuper. C’est pourquoi je vous recommande de faire un week-end prolongé à Belgrade, comme vous feriez un week-end prolongé à Budapest ou Vienne. Osez la Serbie, vous ne serez pas déçus.
Infos Pratiques
Durée: 3 jours semblent suffisant pour s’imprégner de l’ambiance de la ville et découvrir ses incontournables. Prévoyez 4 jours sur place si vous comptez visiter plusieurs musées et églises.
Déplacements: Pour venir depuis l’aéroport, il faut prendre le bus public n°72. Une fois dans le centre-ville, je me suis déplacée exclusivement à pieds. Sachez que la cathédrale St Sava est un peu excentrée. Vous pouvez prendre n’importe quel bus pour revenir dans le centre, ils se dirigent tous vers le centre-ville.
Logement: J’ai testé deux auberges de jeunesse à Belgrade (une en arrivant en Serbie et une autre avant de reprendre l’avion pour la France): Downtown Central Hostel et Hostel Stella di Notte. Les deux sont bien placées en centre-ville, à proximité de nombreux lieux de restauration. Aucun problème pour rentrer tard le soir à pied. Je me sentais en sécurité dans ce quartier toujours animé et éclairé. La première auberge est plus fêtarde et donc moins calme que la seconde. Environ 9-12€ la nuit en dortoir féminin, donc encore moins cher en dortoir mixte.
Nourriture: Étant seule, j’ai surtout mangé sur le pouce lorsque j’étais à Belgrade. Les bars / pubs, les food trucks et les enseignes ne manquent pas dans la ville. Si vous souhaitez manger typiquement serbe, je vous conseille de commander un pljeskavica. Un hamburger façon Subway. C’est un steak épicé (d’agneau généralement) dans un pain à burger et ensuite vous choisissez tous les ingrédients que vous voulez mettre dedans (sauce, crudités…). Je vous recommande la sauce au yaourt, c’est délicieux et typiquement local. Ça coûte une bouchée de pain et vous en trouverez absolument partout en Serbie, dans des resto en dur comme dans des bicoques de rue ou foodtrucks.
Voyage en solo réalisé en mai 2017.
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8 Comments
Merci pour cet article hyper complet et surtout, très intéressant ! Je ne connaissais pas du tout Belgrade, juste de noms et ton article permet vraiment de donner un bel aperçu de la ville et de son histoire, très chouette ! 🙂
Merci pour ton commentaire. Belgrade a une histoire très intéressante et est super sympa à vivre, alors si ça peut en convaincre certains de la visiter ! 😉
Ca donne envie d’aller y faire un tour !
La Robe Noire
IG : @Saskiabzn
Saskia! xo
J’ai adoré Belgrade lorsque nous y sommes allés ! C’est vraiment une chouette ville et je crois que tu en as vu l’essentiel pour le coup. Nous y sommes restés 2 semaines, mais nous sommes peu sortis, il faisait 40°C !!! Bref, c’est une ville au fort passé, souvent détruite, souvent reconstruite et avec une bonne dynamique. J’y retournerais avec plaisir. Merci pour ton article qui me rend nostalgique 😀
Merci de ton passage. J’imagine bien comme ça doit être agréable de se poser à Belgrade 2 semaines, on y prend ses petites habitudes avec les commerçants et tout. Et la ville s’y prête bien.
Ça a l’air d’être une jolie ville, avec de beaux bâtiments, comme on aime. Ça donne vraiment envie d’y aller.
Dobar dan 🙂
Je suis née a Belgrade et j’habite en France depuis 10 ans. Chaque fois quand j’entends que quelqu’un a passé un bon moment dans mon pays, je suis très heureuse, car petit a petit des touristes qui visitent ce pays rentrent chez eux très enchanté et ça nous aide de montrer au monde qu’on est tres charment, spontané et hospitalie et qu’on veut oublier toutes ces guerres et tourner la page.
Merci beaucoup pour ce message. Evidemment, un court séjour en Serbie nous fait vite comprendre la beauté du pays et l’hospitalité de ses habitants. J’espère que plus de gens oseront venir visiter la Serbie, ça vaut le coup.