Après avoir passé trois jours dans la région d’Ohrid, qui a été un énorme coup de cœur, je décide de clôturer ma courte découverte du pays en visitant une troisième ville macédonienne. Je jette mon dévolu sur Bitola.
Bitola se trouve à 1h30 de route depuis Ohrid ou 3h de bus depuis Skopje. C’est la deuxième plus grande ville du pays après la capitale Skopje, située au sud du pays, non loin de la Grèce.
Je vous emmène avec moi pour une journée d’exploration dans la jolie ville de Bitola. Ma visite de la ville s’est découpée en deux zones.
Heraclea Lyncestis
Je commence ma visite de la ville avec le site archéologique Heraclea Lyncestis puisqu’il se situe un peu en périphérie de la ville. J’ai bien marché 20-25min depuis la gare routière avant d’atteindre le site.
Je paye les frais d’entrée de 100 MKD et j’ai le site pour moi toute seule hormis un chien errant tout mignon qui me suivra durant toute ma visite. N’ayez crainte, en Macédoine il y a énormément de chiens errants dans les rues. Si vous voyez qu’ils sont bagués à l’oreille, c’est qu’ils ont été vaccinés et stérilisés par une association locale. Ceci pour éviter la propagation mais aussi pour rassurer les passants (ils ne sont pas porteurs de la rage).
Sur le site archéologique, les informations sont réduites au strict minimum. Au Verso de mon ticket d’entrée se trouve un minuscule plan simplifié de la cité en noir & blanc et sur le site de simples panneaux directionnels viennent dire que la « Episcopal residence » est par ici et le « théâtre » par là. Ça manque cruellement de contexte historique, de datation, de recherches archéologiques, d’interprétation des artéfacts présentés, etc…
Donc tout ce que je peux vous dire, c’est qu’en grec, Herakleia Lynkestis veut dire « terre du lynx ». Cette petite cité a été fondée au IVème siècle av. J-C. par Philippe de Macédoine. Elle a été envahie par les romains au IIème siècle av. J-C, ce qui explique pourquoi on y trouve une basilique, des thermes et un théâtre romain. Dans son histoire, la cité sera envahie et détruite à plusieurs reprises.
Dans mon Guide Bradt, qui est mieux renseigné que le site touristique lui-même, j’apprends que seuls 12% de la cité ont été excavés à ce jour. Il y a 4 hectares en tout. Imaginez le site dans une dizaine d’années, lorsqu’il aura été totalement découvert, bien protégé et mis en valeur pour les visiteurs avec des panneaux explicatifs. Il y a un gros potentiel de développement pour ce site archéologique.
Malgré ce gros manque informatif, je suis contente de ma visite à la cité d’Heraclea Lyncestis et je pense que la visite vaut quand même le coup. D’une part, car je suis passionnée d’archéologie, j’adore visiter des ruines et des sites excavés. Je trouve ça exceptionnel de pouvoir voir les fondations architecturales de l’époque et comprendre comment vivaient les gens plusieurs siècles avant nous.
D’autre part, car on trouve à Heraclea Lyncestis des mosaïques vraiment exceptionnelles. Elles sont nombreuses et aux motifs complexes. Parfois les fresques s’étalent sur des dizaines de mètres. Et surtout elles sont très bien conservées.
Certaines ont des morceaux manquants, c’est inévitable au fil des siècles, mais la plupart sont intactes et je les ai trouvées absolument fascinantes.
Donc à retenir de ce site archéologique : aucune explication historique mais des mosaïques fabuleuses ! Vous trouverez un petit peu plus d’informations concrètes et quelques artéfacts exposés au NI Institute & Museum Bitola. Le musée dans le centre ville de Bitola, à côté du City Park.
Visiter la ville de Bitola
Après la visite du site archéologique, je suis retournée dans le centre historique de Bitola. Quelle magnifique ville à taille humaine. Les rues piétonnes sont vivantes et commerçantes. Beaucoup de gens dans les rues en cette chaude journée printanière et les stands de glaciers sont de sortie. On peut facilement s’asseoir sur un banc dans la rue ou dans le City Park pour déguster une glace artisanale.
Je pense que Bitola accueille une école des Beaux Arts dans le coin car j’ai vu beaucoup de jeunes assis par terre dans les rues piétonnes avec un calepin sur les genoux, en train de croquer un détail de façade ou des clients attablés à une terrasse de bar. Ou alors Bitola est réputée comme une ville d’artistes.
L’architecture de la ville est plutôt sympa. Bâtiments anciens, façades pastels. L’architecture ottomane côtoie les églises catholiques de style néogothique, ainsi que des mosquées et des églises orthodoxes. A savoir que lorsque les turcs envahissent Bitola en 1382, ils rebaptisent la ville Monastir. Monastir deviendra alors l’une des plus grandes villes de l’Empire Ottoman et accueillera également une très grande communauté juive.
C’est ce que j’ai particulièrement apprécié à Bitola. Pour moi la ville m’a parue comme un carrefour des religions et c’est exactement ce qu’elle est. Bitola était également un important centre commercial. Elle était tellement prospère économiquement que nombre de figures diplomatiques s’y sont installées, lui donnant ainsi le surnom évocateur de « ville des Consuls ».
La ville est également traversée par la rivière Dragor ce qui donne toujours un petit charme en plus. Lors de ma visite, il y avait des drapeaux colorés de part et d’autres de la rivière, ça faisait très estival. On y trouve également le Vieux Bazar comme dans la plupart des villes macédoniennes mais ce dernier ne m’a pas particulièrement marquée. Pour preuve, je n’ai aucune photo du Bazar de Bitola. J’ai largement préféré le Bazar de Skopje, qui pour le coup était mon quartier préféré de la capitale du pays.
Vous l’aurez compris, l’histoire de Bitola / Monastir est riche et extrêmement complexe. Elle a subi nombre d’envahisseurs, de soulèvements, est passée entre les mains de toutes les religions ce qui en fait aujourd’hui une ville éclectique, très riche culturellement. Un vrai melting pot.
Je n’ai passé qu’une seule journée à Bitola mais c’est une excursion que je ne regrette absolument pas pour son site archéologique mais aussi pour l’ambiance vivante de la ville qui est au moins aussi bonne que la ville d’Ohrid, tout en étant moins touristique car ici il n’y a pas de sublime lac pour attirer les visiteurs.
Si vous avez suffisamment de temps lors de votre voyage en Macédoine, je ne peux que vous recommander de faire une étape à Bitola, surtout pour les amateurs de sites archéologiques. Si le temps vous est compté, alors privilégiez uniquement Skopje et Ohrid qui sont deux incontournables du pays. Ces deux villes/régions vous permettront de voir deux facettes totalement différentes et inédites de la Macédoine. Ce qui est un bon début pour une première découverte de ce pays des Balkans qui reste, à mon avis, un peu difficile à appréhender comparé à d’autres pays voisins.
Enfin, si vous êtes à Bitola et que vous souhaitez continuer le voyage en Europe de l’Est et du Sud, pourquoi ne pas passer la frontière grecque. C’est juste à côté, à 15km.
Info Pratiques
Bus Ohrid-Bitola : 310 MKD aller/retour
Site archéologique Heraclea Lyncestis: 100 MKD. D’après mon guide, il faut payer 500 MKD supplémentaires pour avoir l’autorisation de prendre des photos mais on ne m’a rien demandé.
NI Institute & Museum Bitola: 100 MKD l’entrée et également 500 MKD pour prendre des photos.
La ville de Bitola n’a plus de bureau d’informations touristiques depuis 2011. Mais vous trouverez dans la ville des agences privées si vous souhaitez faire des excursions touristiques. Ce site non officiel restera votre meilleure source d’informations sur Bitola et que faire aux alentours.
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Comment
J’aime bien les villes où il y a des mix d’architectures, de religions, de cultures … Ca me fait un peu penser à la Crète, à la ville de Chania. 🙂